Le fanal de Ras El Hamra à Annaba
un guide invitant au "phare-niente"
ANNABA - Lieu emblématique à Annaba, le phare de Ras El Hamra est l’un de ces endroits que tout bônois s’empresse de faire visiter à ses hôtes pour lui faire découvrir une des facettes de la Coquette qu’il affectionne particulièrement.
Cette place si spéciale dans le cœur des annabis, le phare de Ras El Hamra la doit surtout à son site d’implantation qui allie dans un de ces mélanges dont l’imagination populaire a le secret, la beauté du paysage à la spiritualité.
Construit en 1850 sur le sommet d’un majestueux rocher de couleur rougeâtre dont il tire son nom, le site haut perché de ce phare en fait un magnifique promontoire donnant à perte de vue sur l’immensité de la mer où le bleu du ciel se confond avec celui de la méditerranée tout en offrant une imprenable vue plongeante sur la petite baie sauvage du Vivier.
La particularité de l’endroit ne s’arrête toutefois pas là, car la falaise du rocher de Ras El Hamra abrite également la source de "Ain Bent Essoltane" (la Fontaine de la fille du roi), une source qui, selon la croyance populaire, est habitée par l’esprit bienveillant d’une princesse qui a fait que son eau possède cette vertu surnaturelle d’être à la fois douce et salée.
"L’œil" bienveillant et protecteur du phare
Le vocable "Ain", signifiant dans la langue arabe à la fois fontaine et œil, la croyance populaire veut que la princesse dont l’esprit habite cette source, veille d’un œil protecteur sur toute personne qui élit domicile sur le territoire d’Annaba, tout comme le phare de Ras El Hamra surveille d’un œil bienveillant ceux qui empruntent ses voies maritimes.
Aujourd’hui cette croyance populaire a bien reculé et s’est même estompée mais la légende est restée, ainsi que les rituels qui lui sont attachés et qui font que de nombreux visiteurs viennent au phare de Ras El Hamra chargés d’offrandes et y organisent des "ouaâdas" (festins) pour invoquer un bon présage pour une réussite à venir, convoquer la baraka de "Bent Essoltane" la veille d’un examen difficile ou d’une épreuve d’une autre nature, ou encore invoquer un miracle pour un malade que la médecine moderne n’a pu guérir.
En dehors de ces croyances transmises de génération en génération, le phare de Ras El Hamra suscite aussi la curiosité de bon nombre de visiteurs qui y affluent surtout l’été, de préférence dans la soirée, profitant de leur passage pour aller à la découverte des secrets de cette bâtisse à l’allure imposante et qui semble veiller du haut de son promontoire surplombant le Nord-ouest de la baie d’Annaba et donnant sur le côté nord de son port commercial, sur la quiétude et la sécurité de la ville.
De sa tour carrée qui s’élève à quelques mètres, le phare qui balaie de ses signaux lumineux un rayon de 31 miles marins, soit 49, 89 km, a connu en 1880 des aménagements qui ont conduit à la construction de nouvelles extensions et commodités permettant son électrification et sa dotation en équipements de communication radiophonique et un matériel de transmission de forme yramidale.
En 1947 le phare de Ras El Hamra, construit en brique rouge et en pierres de taille et de granit, connut un second aménagement qui lui a permis d’acquérir de nouvelles extensions et de nouveaux équipements de signalisation à l’aide de lampes émettant avec des fréquences répétitives des signaux lumineux parallèles dirigés vers la mer pour être captés par les bateaux entrant ou quittant le port d’Annaba ou traversant ses eaux territoriales.
En plus des signaux lumineux, le phare émet d’autres signaux, sonores ou radiophoniques, aidant à la navigation maritime des navires qui se rapprochent de la terre.
Ras El Hamra, mémoire de toute la région
Si pour les plus âgés le phare de Ras El Hamra évoque aussi des crimes coloniaux épouvantables de militants de la guerre de libération nationale, exécutés, ici, sommairement et jetés à la mer, pour les plus jeunes cet endroit est devenu un lieu évoquant l’évasion, la détente et les photos souvenirs.
L’on y vient pour admirer le spectacle grandiose des vagues déchainées se brisant contre la force inerte et néanmoins implacable des rochers ou par temps calme se faire bercer par leur clapotis apaisant, caressant en doux baisers les pieds de la falaise rouge ou encore regarder des baigneurs téméraires défier la mer en cet endroit réputé inaccessible au commun des baigneurs.
L’on y vient pour se réfugier dans les bras d’une nature qui a su garder un petit pan de ce que fut Annaba la marine, un pan qui a pu échapper à l’assaut du béton et de l’acier et aux effets ravageurs des pollutions multiples qui voilent d’une couche de grisaille et de laideur l’image de cette ville autrefois surnommée "la Coquette".
L’on y vient enfin pour répondre à l’invitation au "phare-niente" émanant de ce lieu majestueux chargé d’une foule de souvenirs et dépositaire de l’Histoire récente de toute la région.APS
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patrick le berrigaud
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