3ème festival international d’art contemporain d’Alger : Rapport du parrainage occidental dans les identités du Sud
En marge de la tenue du 3ème Festival International d’Art Contemporain d’Alger, un cycle de communications et de débats avec le public a été organisé dimanche dernier à la galerie Mohamed-Racim de l’avenue Pasteur, regroupant des écrivains, critiques d’art et commissaires indépendants venus d’Angleterre, d’Afrique, de Belgique et de France pour montrer leurs travaux de recherches et discuter de la manière d’appréhender les échanges des festivals et biennales du Sud à l’intérieur de la cartographie de l’art international.
En marge de la tenue du 3ème Festival International d’Art Contemporain d’Alger, un cycle de communications et de débats avec le public a été organisé dimanche dernier à la galerie Mohamed-Racim de l’avenue Pasteur, regroupant des écrivains, critiques d’art et commissaires indépendants venus d’Angleterre, d’Afrique, de Belgique et de France pour montrer leurs travaux de recherches et discuter de la manière d’appréhender les échanges des festivals et biennales du Sud à l’intérieur de la cartographie de l’art international.Le concept de mondialisation qui suppose l’égalité dans l’échange culturel est une donnée qui ne semble pas aller de soi lorsqu’elle est appliquée à la pratique de l’art dans les festivals des pays du Sud ou en voie de développement comme l’Afrique, le Moyen-Orient ou l’Amérique du Sud qui, même s’ils commencent à développer une nouvelle orientation esthétique locale, souffrent à l’occasion des grandes manifestations comme la Biennale de Venise, Lyon ou Berlin, non seulement d’une certaine dictature du marché occidental mais aussi d’une insuffisance flagrante des moyens financiers et matériels, y compris d’une forme de dépendance professionnelle vis-à-vis des modèles européens. C’est cette grande question des stratégies et enjeux de l’art dans ces régions qui restent isolées du monde qui était au cœur du débat convivial animé par de célèbres critiques d’art indépendants, comme la commissaire originaire d’Argentine établie depuis longtemps en Angleterre Gabriela Salgado, le Serbe qui nous vient de Belgique Marco Stamenkovic, la Française Caroline Hanckok et l’Africain Simon N’jami. Autour d’une discussion caractérisée par les échanges d’expériences dans les travaux artistiques présentés dans les biennales du Sud, sur un temps décontracté et avec beaucoup d’humour dans l’air, Caroline Hanckok a débattu au cours de cette rencontre des biennales panafricaines qui se distinguent par leur itinérance et évoqué la 2ème rencontre en 2010 au CTC du Caire. Elle posera dans son intervention les questions des réseaux continentaux et les problèmes logistiques de langues et parlera de l’aide aux initiatives locales et de la nécessité de transcender les difficultés financières dans le marché de l’art des pays du Sud et du soutien pour la création culturelle en Afrique qui apparaît aujourd’hui comme une véritable institution qui produit un capital artistique considérable. Pour Gabriela Saldago, qui s’est occupée de la biennale en Grèce, il faut mettre aujourd’hui l’accent sur un réel dialogue et une bonne communication entre les artistes et plasticiens du Sud et ceux du Nord. Cette dernière montrera au public une série de collections qu’elle a analysées sur diapositif et évoquera les spécificités du langage artistique latino-américain qui s’oppose parfois à l’héritage artistique occidental. Marco Stamenkovic, qui a engagé avec le public un dialogue à la fois engagé et regorgeant d’humour, a montré une image sélectionnée sur internet, une photo d’un ouvrier en train de s’immoler. Pour lui, l’expérience de la rue, de la révolution et de ses bruits est parfaitement capable de couvrir la passivité d’un discours, dira-t-il, en guise de préambule face aux agitations que l’on percevait en dehors de la galerie. Pour en revenir à l’homme qui a tenté de se suicider en direct sur internet à Santiago, il expliquera que cette image fonctionne comme un miroir de l’oppression subie par cet homme en raison des mauvaises conditions de travail et dont le geste désespéré lui a permis pourtant de sauvegarder la vie. Pour lui, cette image est l’incarnation de la pratique artistique qui renferme toute une rhétorique dans son intervention. Quant à l’écrivain et critique d’art africain Simon N’jami, il essayera dans une courte allocution —selon son expression pleine de dérision— de défoncer les portes ouvertes en évoquant « Manifesta », art qui a réussi à créer un projet de réflexion endogène à l’Afrique sur la manière dont sont produites les œuvres d’art. Il a par ailleurs parlé de la nécessité pour les organisateurs locaux de biennales de penser au contenu et non à l’aspect formaliste de ces dernières qui, selon lui, représentent des projets qui doivent être accompagnés d’une structure, laquelle doit permettre de connaître concrètement l’audience de ces œuvres d’art.Lynda Graba ELMOUDJAHID
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