Portail Algérien des ÉNERGIES RENOUVELABLES
Equilibres : Où en est la situation de la modernisation du comptage dans la distribution et quelles en sont les perspectives ?Merouane Chabane : Pour rappel, la modernisation du comptage consiste à remplacer le compteur classique (électromécanique ou numérique de première génération) par un compteur dit "intelligent" ou smart-meter qui permet de communiquer directement avec les systèmes d’information des gestionnaires de réseau de distribution d’électricité, rendant inutiles les relevés, sur site, de compteurs.
Le compteur intelligent informera le client de sa consommation en temps réel et, à terme, avec le développement du marché de l’énergie, du prix de l’électricité en fonction de l’heure de la journée.
Le compteur intelligent permettra également la centralisation d’informations utiles concernant les réseaux électriques (qualité de service, profil de consommation, tentatives de fraude…) en remontant les données directement du consommateur, commander l’enclenchement de tout appareil domestique à forte consommation électrique durant les périodes creuses, voire délester automatiquement ces mêmes appareils en période de pointe.
Le compteur pourra aussi enregistrer les flux d’énergie dans les deux sens (consommée et produite), dans le cas de production d’électricité autonome, notamment de type renouvelable, appelée à se développer de plus en plus.
La modernisation du parc comptage électrique des clients HTA et BT, des sociétés de distribution de Sonelgaz, est passée par deux phases distinctes. Une première phase, antérieure à 2005, de remplacement systématique des compteurs électriques électromécaniques de clients HTA et de tout compteur électrique électromécanique défaillant de clients BT par des compteurs numériques adaptés à la télé-relève.
Faute, à l’époque, de réseaux de télécommunications appropriés pour la relève à distance des compteurs posés, ces dispositions n’ont pas permis d’atteindre les objectifs tracés de réduction des contraintes de la relève manuelle, les taux de perte non techniques et les coûts inhérents de gestion.
Une seconde phase a été alors franchie par les distributeurs à partir de 2005, caractérisée par le lancement des projets d’envergure suivants :
Equiper, avant 2013, l’ensemble des clients HTA des sociétés de distribution de compteurs électriques dits "intelligents", communiquant avec un système d’information central via les réseaux de télécommunication (GSM/DATA ou GPRS) des opérateurs locaux. Ce projet sera réalisé en deux étapes : Une étape expérimentale qui concernera, dès 2011, une Direction de distribution par société de distribution, comme sites pilotes, avec un total de près de 6 000 compteurs et 04 plate-formes informatiques à installer. Une seconde étape, à partir de 2012, de généralisation à l’ensemble des clients HTA ainsi que les plus importants postes électriques HTA /BT de Distribution publique (DP), avec plus de 45 000 compteurs à installer.
Equiper, à terme, l’ensemble des clients BT des sociétés de distribution de compteurs électriques "intelligents ". A cet effet, une étude de faisabilité a été menée et un site pilote à été d’ores et déjà choisi pour l’expérimentation du système retenu.
Il s’agit d’un système qui repose sur cinq éléments principaux qui sont : le compteur "intelligent" ou communicant installé chez le client BT ; le concentrateur, situé dans les postes électriques, qui interroge les compteurs, traite et stocke les informations qu’il reçoit avant de les transmettre au système d’information central ;le système d’information central qui reçoit les demandes de la part des systèmes d’information interne des distributeurs et les traite via un système automatisé (plate-forme informatique) ; le réseau de communication local qui permet la communication entre les compteurs et les concentrateurs. Il repose sur la technologie Courant porteur en ligne (CPL), utilisant le réseau électrique basse tension pour échanger des données et des ordres entre compteurs et concentrateurs ; le réseau de communication étendu qui permet la communication entre les concentrateurs et le système d’information central. Ce réseau s’appuie sur le réseau de télécommunication des opérateurs locaux via les technologies associées (GSM/DATA ou GPRS).
A l’issue de cette expérimentation, le système ainsi éprouvé sera progressivement généralisé aux niveaux de toutes les Directions de distribution des sociétés de distribution de Sonelgaz.
Elaborer un système algérien de comptage électrique "intelligent", intégrant les dernières technologies dans le domaine ainsi que des innovations propres. Le projet est actuellement en cours de réalisation, en collaboration avec l’Université de Boumerdès et devra être livré en 2014.
Equilibres : Quelles en sont les apports ? Et comment la clientèle les apprécie-t-elle ?
Merouane Chabane : Les avantages que procure la modernisation du comptage intéressent aussi bien les clients que les distributeurs et producteurs d’énergie électrique. Les principaux avantages sont :
Pour les clients une facturation basée sur les consommations réelles grâce au relevé d’index à distance (et donc la disparition des factures estimées) ; des délais d’intervention réduits (possibilité pour l’usager de changer sa facturation quasiment en temps réel, mise en service à distance après un déménagement ou une coupure pour non-paiement, par exemple, dépannage plus rapide...) et un suivi plus précis de la consommation du foyer et donc une meilleure maîtrise des dépenses d’énergie.
Pour les distributeurs une réduction des coûts de gestion. Les compteurs intelligents permettant d’effectuer certaines opérations à distance : relève, changement de tarifs, coupure ou remise en service, sans qu’un technicien se déplace et que le client soit présent ; une réduction des fraudes et des réclamations ; une plus grande richesse d’informations et des possibilités de proposition aux clients de nouvelles offres (information sur les coupures, les pertes sur le réseau électrique, le profil de consommation, relevé à distance sans que le client soit présent, la mise en service distan...) ; en cas de panne sur le réseau, le diagnostic est facilité, donc la réalimentation en électricité des clients est plus rapide ; la mise à disposition de l’information relative à la consommation électrique devrait permettre de responsabiliser le consommateur et de faire évoluer ses habitudes quotidiennes, donc une maîtrise de sa consommation d’énergie facilitée. Les compteurs intelligents peuvent améliorer l’efficacité énergétique.
Pour les producteurs une meilleure maîtrise des pointes de consommation.
Equilibres : La tendance dans le monde est aux réseaux intelligents. Qu’en est-il en Algérie ?
Merouane Chabane : Le projet de modernisation du comptage en cours de mise en oeuvre par les distributeurs est capital car il va bien au-delà du simple relevé des compteurs à distance et ouvre l’ensemble du réseau de distribution d’électricité à des évolutions profondes génériquement connues sous le nom de "réseau intelligent".
Dans un avenir assez proche, chaque foyer algérien sera équipé d’un compteur intelligent. Ce dernier constitue un terminal du réseau intelligent. Les possibilités offertes par ces compteurs "intelligents", décrites plus haut, associées aux systèmes informatiques (dédiés et ceux de l’entreprise), aux systèmes SCADA/ DMS-EMS de téléconduite et management des réseaux électriques (existant et ceux en cours de développement), aux réseaux de télécommunications et à internet en plein essor en Algérie, constituent "l’intelligence" collective.
Cette gestion "intelligente" des réseaux électriques ne doit pas être un objectif en soi. Les avantages dont doivent en bénéficier, à terme, les clients finaux (consommateurs) sont la finalité recherchée dans la mise en place des réseaux "intelligents" : une électricité moins chère, plus fiable avec un taux bas d’émission carbone.
La Lettre de la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz "Equilibres"
Mr Chabane Merouane a obtenu en 1990 un diplôme d’ingénieur en électrotechnique de l’Ecole polytechnique d’Alger et, en 1991, un diplôme d’études approfondies en génie électrique de l’Ecole nationale des ingénieurs électriciens de Grenoble (France). Il a été, de 1992 à 1993, ingénieur-chercheur au Laboratoire de génie électrique de Paris – ESE (France). Il est, depuis 2005, Directeur techniques électricité à la Société de distribution de l’électricité et du gaz d’Alger (filiale du Groupe Sonelgaz). |
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