Selon les économistes, une communauté économique du Maghreb pourrait apporter à ses cinq membres "une valeur ajoutée annuelle d'environ 10 milliards de dollars"
Le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a appelé à une plus grande unité à travers tout le Maghreb.
"Ce qui importe dans notre environnement régional immédiat, c'est l'intégration et je pense que nous sommes bien partis pour mettre les choses en place", a-t-il déclaré lors d'une interview publiée le 15 mars dans Arabies.
Il a poursuivi en expliquant que la cohésion est un objectif fondamental "qui doit être considéré comme une priorité.
Ces déclarations interviennent dans une conjoncture marquée par plusieurs signes de rapprochement entre l’Algérie et le Maroc.
Le 14 mars, c’était au tour d'Ahmed Ouyahia, Premier ministre algérien, de revenir avec des propos positifs sur les relations bilatérales avec le royaume marocain.
Cité dans les colonnes du journal algérien El Khabar, Ouyahia a garanti que "l’ouverture des frontières est un impératif". D’autant que, a-t-il ajouté, "nous sommes deux pays voisins condamnés à cohabiter, eut égard à plusieurs paramètres qui nous unissent tels que la langue, la religion, les traditions communes, ainsi que le passé et l'avenir communs."
Ces prises de positions convergentes s'accompagnent, sur le front économique, d'une augmentation du commerce entre les deux pays. Un rapport publié par les Douanes algériennes montre que le commerce entre l'Algérie et les autres pays appartenant à l'Union du Maghreb arabe (UMA) a connu une amélioration de 18,14 pour cent en 2011.
Ventilé par pays, ce rapport montre que le Maroc est resté le premier client de l’Algérie durant l’année écoulée, avec une valeur de plus de 936 millions de dollars contre 713,3 millions en 2010.
Les exportations et les importations de l'Algérie vers et en provenance des pays de l'UMA ont augmenté respectivement de 15,46 pour cent et de 24,5 pour cent. Ces chiffres positifs ont remis sur le tapis, selon l’économiste Mohamed El Bani, la question de l’intégration économique entre les pays du Maghreb.
"L’union des cinq pays de la région peut constituer un premier pas vers la construction d’un véritable bloc économique, d’autant plus que les terres maghrébines rengorgent de richesses naturelles inestimables", a déclaré El Bani.
Un avis partagé par Camille Sari, économiste et auteur du livre "Algérie et Maroc".
"Les marchés maghrébins, à l’heure actuelle, sont exigus et ont besoin de créer des synergies et des complémentarités et de rechercher des économies d’échelle afin de réduire les dépendances vis-à-vis des économies dominantes, et d’accroître leur pouvoir de négociation dans les relations internationales", a-t-il expliqué dans un entretien publié le 10 mars dans "le Maghreb Emergent".
Sari a estimé que la fermeture des frontières algéro-marocaines a favorisé le commerce informel, le trafic de drogue et enrichi des mafias des deux côtés des frontières.
"Ceux qui profitent de ces activités illicites ont tout intérêt à ce que ce statu quo dure le plus longtemps possible", a-t-il indiqué.Une communauté économique maghrébine ferait gagner à ses cinq membres "une valeur ajoutée annuelle d’environ 10 milliards de dollars", soit l’équivalent de 5 pour cent de leurs produits intérieurs bruts cumulés, selon Sari.L'opinion publique algérienne s'intéresse de près aux relations entre l'Algérie et le Maroc, espérant une résolution rapide des problèmes en suspens, en particulier en ce qui concerne l'ouverture des frontières.
"Une UMA forte est plus que jamais une nécessité pour nous. La stabilité de la région en dépend", a affirmé à Magharebia Aymed Belhimer, un fonctionnaire âgé de 34 ans.
Souhila Semari, étudiante en sciences politiques, a souligné qu'il y a eu "des entretiens positifs des deux côtés. La volonté politique est donc bien là, nous avons seulement besoin du courage nécessaire pour faire cette démarche"
Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.
Par Fidet Mansour pour Magharebia à Alger
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