Des opérations pilotes en attendant des projets d’envergure
Mardi 6 décembre 2011
L’Algérie ambitionne de porter la part des ces de sa consommation énergétique. Le programme national des énergies renouvelables se décline en trois étapes dans l’objectif de produire 22 000 mégawatts dont 10% pourraient être destinés à l’exportation. Ainsi, les pouvoirs publics semblent viser loin en misant sur un tel objectif. Il faut dire que malgré les énormes potentialités, le pays en est toujours à ses premiers pas dans ce domaine stratégique. Les experts l’attestent en préconisant d’augmenter la cadence des travaux afin de respecter les délais impartis pour ce programme. Ce dernier repose, d’ailleurs, sur le développement d’une industrie locale capable d’acquérir la technologie requise pour la fabrication des équipements dans une première phase, et ce, avant le déploiement du programme au niveau national et par la suite le déploiement total et la production qui sera entamée à l’horizon 2020. Pour le moment, hormis certaines opérations et actions pilotes, notre pays peine à se lancer sérieusement dans ce domaine, bien que tous les éléments soient réunis pour la réussite du programme.
Actions pilotes en attendant des projets d’envergure
Il y a lieu de rappeler que plusieurs projets pilotes ont été lancés et sont toujours en cours. On peut citer, entre autres, Top industrie, Eco Bat, Alsol, Eco lumière, Prop air. Ces programmes toucheront certaines parties du pays et visent, selon les responsables de l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue), à réduire la consommation de l’énergie mais aussi à introduire les technologies innovantes pour sa production. Dans ce cadre, l’Aprue s’attelle à lancer un vaste programme national d’installation de chauffe-eau solaires individuels et collectifs. Ce programme, connu aussi sous l’appellation Alsol, s’étale jusqu’en 2014, et porte sur l’installation annuelle de 2 000 kits pour des habitations individuelles et 3 000 m de champs captants collectifs à travers les différentes régions du territoire national. L’installation des champs captants sera exclusivement destinée au secteur des services, notamment les établissements sanitaires et hôteliers, alors que les logements collectifs ne seront concernés qu’après la mise en œuvre d’une réglementation adéquate définissant les modalités d’exploitation commune de ces équipements par les habitants afin d’éviter tout contentieux dans ce sens. Alsol devra, en outre, prendre le relais d’une opération similaire, mais moins importante, lancée dans le cadre du précédent PNME 2007-2011 et portant sur l’installation de 400 chauffe-eau solaires individuels qui touche à sa fin. Financièrement, cette opération sera prise en charge à hauteur de 45% par le Fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME), les 55% restants seront à la charge des bénéficiaires. Le coût du kit est de 11 000 dinars.Toutes ces opérations lancées entre 2007 et 2010 devraient laisser place à des projets d’envergure, et ce, dans l’objectif de généraliser l’utilisation de ces énergies. Cependant, les spécialistes assurent que plusieurs paramètres entrent dans ce cadre, tels que « les coûts, l’accessibilité et l’efficacité ». Pour le moment, « l’Algérie, qui compte peser de tout son poids dans le pourtour méditerranéen dans ce domaine avec un potentiel inégalé, devra faire du développement des énergies nouvelles une action stratégique au même titre que la préservation des énergies fossiles », estime-t-on. Son rôle dans le mégaprojet Desertec, qui commence à prendre forme, est également central du fait de l’emplacement géographique du pays, analysent des spécialistes. Les professionnels des énergies renouvelables sont déjà sur le point de constituer leur association qui leur permettra de devenir « une force de proposition ». En effet, l’Union des professionnels des énergies renouvelables (UPER) a tenu jeudi dernier à Alger son assemblée constitutive en présence de l’ensemble de ces membres fondateurs. Cette nouvelle association se propose comme un partenaire « incontournable » des pouvoirs publics. Elle compte une centaine de membres entre industriels, experts et chercheurs universitaires. L’UPER a pour principales missions de contribuer au déploiement des énergies renouvelables en Algérie et à l’amélioration des cadres institutionnel et réglementaire, participer à la promotion de la formation professionnelle et optimiser la synergie entre les acteurs institutionnels, académiques et industriels de la filière, résument certains membres. Elle se propose aussi de mettre l’expérience de ses adhérents à la disposition des pouvoirs publics dans le cadre de la mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables. Il s’agit aussi de créer les mécanismes nécessaires à l’amélioration de la compétence et la mise en place d’une industrie nationale ainsi que l’encouragement du partenariat entre les secteurs public et privé.
Smaïl Boughazi, La Tribune
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