L’Algérie appelée à adopter des mesures en matière de gestion de l’eau face aux risques du changement climatique (expert)
ALGER - L’Algérie est appelée à adopter des mesures dans l’immédiat en matière de gestion de l’eau, du fait qu’elle n’est pas à l’abri face aux risques du changement climatique, a indiqué jeudi à Alger, M. Larbi Bahlouli, de l’Agence nationale des ressources hydriques (ANRH).
"Les changements climatiques représentent, pour l’Algérie, un risque majeur si des mesures d’adaptation ne sont pas prises dès maintenant", a déclaréà l’APS ce responsable des études hydrologiques et des prévisions au niveau de l’ANRH, en marge des travaux du 2ème Forum méditerranéen sur la prévision climatique.
La variabilité et le changement climatiques " peuvent agir pour modifier les conditions hydrauliques . Les variations du volume des précipitations, leur rythme et le type sont des facteurs clés qui déterminent le volume et le rythme d’alimentation des aquifères", a-t-il expliqué.
Selon l’expert, les niveaux d’eau dans un aquifère "varient régulièrement en fonction des précipitations, bien que la nature de cette variation puisse être complexe et qu’elle dépende notamment de la période de l’année et des conditions antérieures", a-t-il ajouté.
La diminution de la pluviométrie et l’augmentation de la température " influencent directement les quantités d’eau qui atteignent le sol et engendrent une réduction sensible des apports et un rabattement du niveau des nappes", a-t-il fait savoir. M. Bahlouli a fait remarquer que les événements extrêmes, (inondations, sécheresses ...) ont augmenté de "fréquence et d’intensité" ces dernières décennies dans les différentes régions du globe. Et la persistance du phénomène, dans le temps et dans l’espace, a-t-il noté, "est sans précédent". A l’instar des autres parties du monde où les dégâts dus aux catastrophes naturelles (les grandes catastrophes ont été multipliées par 3 pour les dix dernières années particulièrement pour les inondations) ont été évalués à plus de 100 milliards de dollars, "l’Algérie a vécu le même phénomène où elle a enregistré pendant les trois dernières années d’importantes inondations, a rappelé l’expert. Il a précisé, à ce propos, que " 100 communes ont été affectées par ce phénomène au moins une fois, 261 communes 2 fois et 265 plus de 3 fois avec parfois des dégâts importants" durant cette période. Dans le même contexte, il a cité, à titre d’exemple, les précipitations qui ont provoqué les inondations de Bab El Oued les 09 et 10 novembre 2001 sur la côte algéroise. Ce phénomène a été considéré comme " un évènement pluviométrique exceptionnel" de par son caractère orageux, la quantité de pluie enregistrée (290mm). Cet évènement qui a eu lieu sur un bassin versant de 10 km2, s’est produit "pendant que tout le territoire vivait une période de sécheresse sévère et que les barrages étaient presque vides", a fait observer le responsable de l’ANRH, soulignant que" cela dénote l’apparition de phénomène extrême". Face aux risques et l’impact du changement climatique sur les ressources en eau, les mesures à prendre, a estimé M. Bahlouli, doivent porter notamment sur " l’utilisation optimale des ressources en eau, par l’économie, l’utilisation efficiente et le recyclage des eaux usées et la mobilisation de nouvelles ressources en eau". Les mesures d’adaptation doivent s’articuler en premier lieu autour de la " réhabilitation de la notion vitale de l’eau", à travers "l’information, la formation, l’éducation, la réglementation et la politique tarifaire", a-t-il préconisé. " La mobilisation de l’eau ne peut pas se concevoir sans un programme intégré faisant intervenir la conservation du sol, des forêts et de l’aménagement des bassins versants", a soutenu l’expert. Il a appelé, à cet égard, à mener plusieurs types d’actions comprenant entre autres " la mobilisation nouvelle des ressources en eau, l’économie des ressources en eau, l’aménagement intégré des bassins versants pour optimiser la mobilisation des eaux". Il s’agit également, a-t-il poursuivi, de "protéger la qualité de l’eau, lutter contre l’érosion et la désertification et se prémunir contre les risques d’inondation". " Du fait de sa précarité et de sa fragilité, voire de son irrégularité, cette ressource nécessite une attention particulière quant à sa mobilisation et à sa gestion, et aussi parce qu’elle représente un facteur déterminant" pour le développement économique et social d’un pays, a souligné M. Bahlouli. Le renforcement des réseaux d’observations et le programme d’études et de recherches (entre autres l’étude de la variabilité temporelle des précipitations, des inondations) devront permettre au planificateur et l’aménageur d’établir, de façon optimale, des projets d’aménagement de cette ressource naturelle vitale, a-t-il dit. Le 2ème Forum méditerranéen sur la prévision climatique a pour thème " Prévisions saisonnières et services climatiques pour la gestion des risques et l’adaptation aux changements climatiques". Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour de cette rencontre, dont " les risques liés au climat et ses impacts potentiels liés à la variabilité et aux changements climatiques dans la région ciblée", "Gestion des risques et adaptation au changement et besoins spécifiques". Il s’agit également de l’" Etat des connaissances en matière de prévision climatique saisonnière dans la sous région, y compris la prévisibilité du climat, modèles et échange d’expériences entre les différentes sous-région ciblée", ainsi que " Portée et étendue des prévisions saisonnières au niveau global et dans la sous-région ciblée".APS
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