Algerie Europe coopération durable

Algerie Europe coopération durable
Patrick le Berrigaud

lundi 5 mars 2012

Algerie segment urée 2012

Alexandre Skripka. PDG d’Agrofertrans Trading (Ukraine)

«L’Algérie peut avoir

 le monopole dans le segment urée»

-Pouvez-vous nous dire comment se comporte actuellement le marché mondial des engrais, l’ammoniac surtout ? Sa tendance actuelle ?      
Depuis plusieurs mois – notamment depuis novembre 2011 l’ammoniac vit une crise épouvantable. Les raisons sont les suivantes : crise globale économique en bref plus particulièrement la baisse de la consommation aux Etats-Unis. Le marché d’ammoniac mondial est d’à peu près 20 millions de tonnes. 4 à 5 MT sont consommées par le marché d’application directe au sol notamment aux USA. Il y a une baisse énorme de la consommation globale par la population mondiale. Comme conséquence, les produits de consommation de masse comme les voitures, produits de maison, etc. qui sont faits à partir de matières nécessitant le NH3, sont à la baisse. Ce qui s’est traduit par autre énorme baisse de la consommation de nh3 par les utilisateurs industriels, donc par une baisse de la demande pour produits phosphatés (engrais). L’impact direct : les producteurs (Maroc, Tunisie, USA) consomment moins d’ammoniac. Ceci a fait que depuis le mois de novembre les prix ont chuté de manière spectaculaire. Ils sont passés de 600 USD/t à 300-320 USD/t FOB Yuzhny (le port de référence au monde en termes de prix NDLR). 
 
-Le marché de l’ammoniac se caractérise par sa volatilité. Pouvez-vous être explicite ?  
Les prix fluctuent beaucoup. Et cela se renforce par le fait que c’est un produit qui entre dans la catégorie des produits dangereux qui est très difficile à stocker et à transporter. Donc les difficultés de manutention aggravent les complications du marché.
-Les volumes produit de par le monde convergent tous vers votre pays, l’Ukraine - port de Yuzhny…
Il y a aussi l’ammoniac produit en Ukraine et en Russie est chargé depuis Yuzhny. Au monde, il existe plein d’autres terminaux, y compris en Algérie, Egypte, Arabie Saoudite, aux USA, en Russie ainsi qu’en mer Baltique. Toutefois, Yuzhny est doté du plus grand terminal de déchargement et stockage au monde. Ses capacités se situent à 120 MT pour l’ammoniac et 90 MT pour l’urée. Il était la seule référence au monde en matière de prix. La donne a quelque peu changé avec l’entrée de la Chine qui est devenue autonome et exportatrice d’urée avec une production de l’ordre de 45 MT, l’Ukraine 3,5 MT, Russie 4 MT, Egypte 6 MT et l’Algérie entre 3 et 4 MT. Globalement, en matière d’ammoniac ou d’engrais, le marché mondial dépend des volumes exportés depuis Yuzhny.  En ce qui concerne les mouvements à l’import, le port Tampa (Etats-Unis) occupe la première marche du podium. Fort de ses quelque 5.000 KM de pipelines, il dessert 11 Etats d’Amérique.
-On sait que plusieurs usines en Europe et aux USA sont à l’arrêt du fait de la hausse des prix du gaz, intrant essentiel dans le processus de fabrication de l’ammoniac.  Pouvez-vous nous en énumérer quelques exemples ?
C’est le cas de l’Europe de l’Ouest et de l’Ukraine où plusieurs unités sont à l’arrêt. Les USA jouissent d’un prix de gaz extrêmement bas à cause de l’extraction de grandes quantités de gaz schisteux. Le prix de gaz aux USA est de 3 USD par million d’unités calorifiques  qui est équivalent à environ 84 USD/1000 mètres cubes.
 
-Le marché va connaître un mouvement incontestable avec l’entrée en service imminente de trois grandes usines au Qatar, en Arabie Saoudite et en Algérie. Quels sont d’après vous les marchés qui pourraient être intéressés par l’ammoniac algérien ?
Les marchés naturels pour le produit algérien sont l’Europe et les Etats-Unis. Et, comme il y aura croissance industrielle en perspective pour les années 2014 – 2018, le produit algérien va aller en Asie et à l’est de Suez
 
-Ajoutées à celles déjà réalisées par Fertial, les capacités de production des deux nouvelles usines d’Arzew, peuvent-elles conforter l’Algérie dans son ambition de ravir le leadership en Méditerranée, elles sont appelées à mettre sur le marché des quantités avoisinant celles de Sluiski (Pays-Bas), actuel numéro un d’Europe avec ses 1,7 MT ?
L’Inde était un grand consommateur d’urée. Il produit 19 MT et consomme 24 à 25 MT. La différence est importée d’Ukraine, de Russie, d’Arabie saoudite et d’Iran. Ce pays a arrêté ses achats jusqu’à février 2012.
Le Brésil est l’un des 4 gros marchés mondiaux. Pour lui, 2011 était une année record en termes de consommation d’engrais, 24 MT dont 17 MT importés. Lui aussi a arrêté les achats à partir du début décembre 2011. L’Europe endormie, demande de plus en plus faible. Pour l’ammoniac : Environ 20 MT d’ammoniac sont échangées sur le marché mondial. Sur ces 20 MT, 4 à 5 MT sont utilisées pour l’application directe dans sol aux USA.
L’Algérie en tant que producteur d’ammoniac et d’urée a deux concepts : toute l’urée produite dans le monde va trouver preneur y inclus l’urée européenne, algérienne et ukrainienne. La consommation va augmenter. D’autres producteurs en Ukraine, Europe de l’Est et l’Europe centrale peuvent arrêter la production à cause de la hausse des prix du gaz. Les perspectives pour l’urée algérienne sont parfaites. (Ressources en gaz disponible).
Elle peut même avoir le monopole dans le segment Urée. La conjoncture actuelle est très favorable.                             
Naima Benouaret ELWATAN

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