Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

mercredi 1 février 2012

Mr Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial de Mr Nicolas Sarkozy chef de l'etat 2012


 TSA
À la veille de sa visite à Alger, Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial du président français Nicolas Sarkozy, a accordé un entretien exclusif à TSA.

Plus de deux ans après votre nomination pour relancer les relations économiques entre l’Algérie et la France, quel bilan faites-vous de  votre mission ?        

Nous en tirons un bilan très positif (9 dossiers définitivement réglés  sur 12). Celui du métro est symbolique de ce que nous pouvons faire ensemble dans cet esprit de coopération et d’entente concrète pour  lever les obstacles afin  de répondre aux besoins quotidiens de la  population. Les trois derniers, plus complexes, demandent un travail plus approfondi, davantage de concertation. Des signaux positifs ont été perçus au cours des derniers mois. Ce déplacement vise à faire un  point d’étape important avec les autorités algériennes pour, à la fois, prendre acte des avancées et examiner les efforts restant à  entreprendre pour les régler définitivement.        

Quels sont les principaux dossiers qui seront au menu de votre  visite ce 1
er février en Algérie ? 


Les trois principaux dossiers concernent Renault, Lafarge et Total. Nous évoquerons également des dossiers plus ponctuels sur lesquels des  difficultés d’ordre administratif sont apparues au cours des derniers mois. Nous évoquerons enfin des thématiques plus générales, comme  l’approche par filières, le développement de l’esprit d’entreprise, notamment chez les jeunes et la formation professionnelle.        

Beaucoup de déclarations ont été faites sur le dossier Renault. Mais les choses ne semblent pas avancer au bon rythme. Quels sont les  principaux éléments de blocage dans ce projet ?       

Il n’y a pas lieu de parler de blocage. Sur un dossier de cette  ampleur, il est normal que les discussions, qui portent sur un très grand nombre d’aspects (le développement d’un tissu fournisseur, le  choix du site, le pacte d’actionnaires, le financement du projet…),  aient besoin de temps pour aboutir. Ces discussions avancent sur un  rythme tout à fait satisfaisant. Des rencontres sont à nouveau prévues  au cours des prochaines semaines et je suis confiant sur l’issue.        

Hormis ces dossiers lourds qui rencontrent des difficultés, y a-t-il d’autres projets d’investissements français qui ont vu le jour  ces derniers mois ? 

S’agissant des dossiers Saint-Gobain et Axa, on se souviendra qu’avant l’été (2011), les pactes d’actionnaires avaient été conclus. Nous  sommes très heureux que ces deux projets d’investissement soient  entrés en vigueur en octobre dernier avec l’octroi de leurs autorisations : à Saint-Gobain par le Conseil national d’investissement, et agréments à Axa (pour ses filiales "dommages"  et "assurance des personnes") par le ministère des Finances. Ces entreprises sont désormais en activité.

Par ailleurs, suite au Forum de partenariat algéro-français organisé  en mai dernier à Alger, qui avait réuni 146 entreprises françaises, principalement des PME, et 520 algériennes, une quinzaine d’accords de  partenariat sont soit conclus soit en négociation avancée. Ainsi, 25 rencontres d’entreprises seront organisées par Ubifrance courant 2012,  dans une approche plus ciblée par secteurs. Elles visent à mobiliser  250 nouvelles PME/PMI françaises tout au long de l’année pour explorer de nouveaux partenariats avec des entreprises algériennes.   

Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, de nombreux  services publics comme les eaux d’Alger et de Constantine, le métro et  l’aéroport d’Alger sont gérés par des Français. Pourquoi n’y a-t-il  toujours pas de transfert de savoir-faire pour permettre aux Algériens  de gérer eux-mêmes ces services ? 

Précisément, il s’agit de contrats de gestion de durée limitée, qui  comprennent justement un volet important de transfert de savoir-faire  et de formation, et qui visent à permettre aux opérateurs publics  algériens concernés, lorsqu’ils le jugeront souhaitable, de reprendre  eux-mêmes la gestion de ces services publics, forts de l’expérience qui aura été acquise auprès des entreprises françaises actuelles  délégataires. Cette forme de partenariat "public-privé" et "public-public" reçoit en Algérie un accueil favorable.        

Les entreprises françaises ne sont pas les seules à se plaindre de  difficultés en Algérie. De nombreux investisseurs étrangers et  algériens se plaignent de contraintes liées aux lois sur  l’investissement. Pensez-vous que le gouvernement algérien doive revoir certaines dispositions ? 

Il est vrai que le nouveau régime des investissements issu de la Loi de finances complémentaire 2009 a apporté des contraintes qui peuvent poser des difficultés aux entreprises étrangères qui peuvent trouver, dans d’autres pays, des conditions d’accès plus attractives. Mais il est clair aussi que les autorités algériennes sont souveraines pour décider des conditions dans lesquelles elles souhaitent accueillir les investisseurs étrangers. Il appartient à ceux-ci de s’y adapter. Toutes décisions que prendraient les autorités algériennes pour  assouplir le régime existant seraient certainement bien accueillies. Je pense en particulier aux PME qui peuvent apporter beaucoup à nos  deux pays en termes de coopération, de diversification d’activités, de création d’emplois.        

De quoi se plaignent les entreprises françaises qui cherchent à  investir en Algérie ? 

Comme les autres investisseurs étrangers, et comme la plupart des sociétés algériennes, les entreprises françaises soulignent les lourdeurs administratives, l’accès au foncier industriel. Il est  quelquefois difficile aux sociétés françaises d’identifier un partenaire algérien adéquat, compte tenu d’un tissu d’entreprises  privées encore limité. Elles sont en revanche unanimes à saluer le potentiel du marché  algérien, la qualification de la main-d’œuvre locale, et la proximité  géographique, culturelle et linguistique avec l’Algérie.       

Il y a un an, vous avez été le premier à annoncer des réformes politiques en Algérie après une rencontre avec le président  Bouteflika. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les réformes en  cours en Algérie ?       

L'Algérie a choisi la voie des réformes par l'adoption de plusieurs  textes législatifs, de la participation d'observateurs aux élections  législatives du printemps puis de l'adoption à venir d'une réforme de la Constitution. Sur le fond, il ne nous revient pas de nous prononcer sur les choix du législateur ou du constituant algérien. Nous pouvons en revanche encourager les autorités algériennes à répondre aux aspirations démocratiques du peuple algérien, dans le contexte régional actuel où ces aspirations sont encouragées par les changements dans plusieurs pays, comme elles ont entrepris de le faire. Les Algériens savent que la France est à leurs côtés.                                           

Comment la France compte-elle agir au plan économique pour renforcer le processus de démocratisation dans la région du Maghreb ? 

Si la France est également soucieuse de soutenir les aspirations  démocratiques en Afrique du Nord comme ailleurs, les situations sont différentes d'un pays à l'autre. Ainsi, la France, lorsqu'elle était  Présidente du G8/G20, a mobilisé ses partenaires pour soutenir les aspirations de la Tunisie avec l'adoption du partenariat de Deauville. En Algérie, et c'est tout l'objet de ma mission, les autorités  souhaitent que chaque projet industriel soit porteur d'un développement plus vaste d'une filière, d'emplois, de formation, de transfert de technologie et de savoir-faire. Nous avons fait des  propositions précises en matière de formation. L'emploi et la formation constituent la meilleure réponse possible, au plan  économique, aux aspirations de la jeunesse. N'oublions en outre pas que l'Algérie et le Maroc constituent nos premières enveloppes de coopération au monde et, dans un contexte budgétaire dégradé, sont  parmi celles qui se maintiennent.

 TSA 
 

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