L’impasse grecque menace l’eurozone
Les conséquences de la crise sur l’Algérie
L’Algérie ne détient pas le moindre titre de dette grecque ni d’un autre pays fragile d’Europe et a très peu placé en Italie qui, de toute façon, reste un pays solvable et à économie forte et dynamique.
La situation d’instabilité politique que traverse actuellement la Grèce remet de nouveau à l’ordre du jour les appréhensions, nées au début de la crise, sur le devenir de la zone euro. Le scénario «catastrophe» de voir l’eurozone amputée d’un de ses membres n’est en effet plus à exclure, même si les dirigeants européens s’évertuent à vouloir garder intacte leur union monétaire. Or, si du côté de Bruxelles, le discours officiel met surtout en avant la priorité pour la Grèce de poursuivre ses réformes sous peine d’être «excommuniée», du côté des marchés en revanche, l’on n’hésite pas à spéculer ouvertement sur le devenir à moyen terme de l’eurozone. Si la Grèce quitte l’euro, susurrent ainsi les marchés, pourquoi pas le Portugal et l’Espagne, ou encore d’autres pays qui croulent sous le poids de l’endettement et des déficits publics, à l’image de l’Italie ?
Après les dernières élections législatives et l’impasse politique dans laquelle se trouve depuis la Grèce, analystes, hommes politiques et investisseurs s’interrogent à nouveau sur la capacité de ce pays à respecter ses engagements budgétaires afin de continuer à faire partie de la zone euro. Quoi qu’il en soit, une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, même s’il s’agit d’un scénario peu probable, ne manquera assurément pas de plonger l’entité monétaire européenne dans une grave crise d’existence. La sortie de la Grèce de la zone euro risque de remettre en cause l’idée même de l’Europe aux yeux des marchés, augurent des courtiers européens, qui expliquent en ce sens que les investisseurs ne seront pas incités à prêter au Portugal, à l’Irlande ou même à l’Espagne s’il y a un risque qu’un de ces pays abandonne un jour l’euro. Des réticences quelque peu tempérées par les déclarations du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui affirmait que la zone euro est tout à fait à même de supporter une sortie de la Grèce. «L’Europe ne sombre pas aussi facilement», a-t-il ainsi estimé.
Reste qu’aux yeux de nombre d’observateurs, le pari porté par les dirigeants européens de conserver l’intégrité de l’eurozone avec une Grèce qui respecte ses engagements est loin d’être facile à gagner. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, soulignait qu’une sortie de la Grèce serait «quelque chose d’extraordinairement coûteux et qui présenterait de grands risques».
Aussi, au-delà du cas de l’économie grecque et malgré sa taille réduite par rapport au reste de l’eurozone, c’est surtout les risques de contagion aux autres pays fragiles de l’Europe qui fait craindre le pire aux Européens. Certains économistes n’hésitent plus à évoquer des scénarios d’une zone euro scindée en deux, l’une pour les grands et l’autre pour les marginaux ou, pire encore, l’idée d’une mini-zone réservée aux quelques pays qui constituent actuellement le noyau dur de l’UE.
Aussi, au-delà du cas de l’économie grecque et malgré sa taille réduite par rapport au reste de l’eurozone, c’est surtout les risques de contagion aux autres pays fragiles de l’Europe qui fait craindre le pire aux Européens. Certains économistes n’hésitent plus à évoquer des scénarios d’une zone euro scindée en deux, l’une pour les grands et l’autre pour les marginaux ou, pire encore, l’idée d’une mini-zone réservée aux quelques pays qui constituent actuellement le noyau dur de l’UE.
La sortie de la Grèce serait «extrêmement dommageable pour le processus d’intégration européenne», souligne en ce sens Jan Techau du centre de réflexion Carnegie Europe. La situation est hautement imprévisible et personne ne sait ce qui va se passer si la Grèce quitte l’euro, soutient cet analyste, cité par l’AFP. «Ceux qui pensent que l’Europe, et plus généralement l’économie mondiale, est préparée à une sortie de la Grèce, devraient y réfléchir à deux fois», estime pour sa part le directeur général de l’Institut de la finance internationale (IIF), Charles Dallara, dans un entretien à l’agence Bloomberg, repris avant-hier par l’APS. Et au président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, d’avertir, dans le Financial Times, que «personne ne saurait présager des effets de contagion si la Grèce quittait la zone euro».
«Peu d’incidences sur l’Algérie»
La panique qui secoue actuellement l’Europe, au regard de l’aggravation de la crise des dettes souveraines dans l’eurozone, n’inquiète pas outre mesure les acteurs et responsables de la place financière locale. La Grèce est un petit pays à économie réduite et l’éventualité de sa sortie de la zone euro ne sera pas un drame pour l’Europe, note ainsi un responsable au sein du secteur financier local. Pour un pays comme l’Algérie, explique-t-il, le plus important est que, quoi qu’il arrive dans les pays périphériques de la zone euro, il est clair que le noyau dur de cette zone restera solide et solvable car il est composé de grandes puissances exportatrices comme l’Allemagne et la France. Aussi, estime notre interlocuteur, l’euro restera toujours fort car la puissance d’une monnaie dépend de la puissance économique et exportatrice des pays où elle est en vigueur.
Le gros de nos actifs financiers à l’étranger, soit quelque 98% de nos réserves, indique-t-il encore, est placé dans des éléments de dettes souveraines des plus grandes puissances économiques de la planète, sous forme de placements sûrs et à court terme, soit à échéance de trois mois renouvelable. L’Algérie a ainsi opté pour une gestion prudente de ses réserves et, de ce fait, ajoute-t-il, elle ne risque pas grand-chose vu qu’elle ne prête, pour ainsi dire, qu’aux riches, comme la France et l’Allemagne, dont il est inconcevable d’imaginer une situation de faillite ou même de défaut de paiement. Et dans le cas où cela arriverait, ironise un cadre d’une institution financière locale, c’est toute l’économie de la planète qui serait ruinée et pas seulement l’Algérie. Plus concrètement, affirme ce même cadre, l’Algérie ne détient pas le moindre titre de dette grecque ni d’un autre pays fragile de l’Europe et a très peu placé en Italie qui, de toute façon, reste un pays solvable et à économie forte et dynamique.
Interrogé, par ailleurs, sur l’impact que pourrait avoir une crise de l’euro sur la politique de change de l’Algérie et sur la parité de la monnaie nationale par rapport aux autres devises fortes, le même responsable indique que la valeur actuelle du dinar est établie sur la base d’un panier de 15 monnaies, dont la moyenne pondérée permet d’en assurer l’équilibre et la stabilité. Il s’agit, explique-t-il, des monnaie des 15 principaux pays avec lesquels commerce l’Algérie, avec une forte prépondérance du dollar et de l’euro, mais dont la pondération peut être ajustée en cas de grands bouleversements. L’enjeu en la matière, conclut notre interlocuteur, est de garder le taux de change effectif réel toujours stable, de façon à préserver l’économie nationale déjà peu compétitive, sachant qu’une forte appréciation du dinar ne ferait que miner sa productivité en dopant l’importation.
Akli Rezouali ELWATAN
Algeria does not have any debt as a Greek or another fragile country in Europe
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