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L’investissement dans le futur vu par l’ambassadrice de Finlande à Alger
Mercredi 20 juin 2012
Très avancée dans les technologies, la Finlande arrive en pole position des pays européens détenant des brevets dans les TIC. Son ambassadrice à Alger, Hannele Voionmaa, installée depuis septembre 2011, après 18 ans d’absence d’une représentation diplomatique, était l’invitée d’honneur du dernier Salon international du futur technologique (Siftech) d’Oran. Elle évoque dans cet entretien la vocation technologique de son pays et la coopération dans ce domaine avec l’Algérie.
La Finlande est classée à la 6ème place en Europe dans le développement des technologies de l’information et la communication. Les TIC semblent être un facteur de développement du pays. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En Finlande, la question des TIC remonte assez loin. Il y a eu au début un intérêt pour le téléphone. A la base, des compagnies finlandaises ont beaucoup travaillé dans le domaine. On a été très avancé sur ce plan puisqu’il y a eu beaucoup d’inventions. Nous sommes un des premiers pays en matière de rapport de nombre de brevets d’invention par habitant. Le gouvernement a beaucoup aidé les entreprises dans ce domaine. Dans les années 80, les compagnies de téléphonie, de communication et aussi de l’informatique ont été privatisées. Ce sont ces entreprises qui ont fait les premiers pas de cette réussite. C’est un élément qui a aidé. Il y a eu une politique très forte qui a contribué au développement des TIC. On n’a pas vu les résultats de cette nouvelle politique tout de suite. Ce n’est que maintenant qu’on le voit. De plus, on avait, déjà, une stratégie de communication dans les années 80. Mais la crise économique qui a frappé la Finlande dans les années 90, a été brute et rapide. Des banques ont coulé. La crise a, d’ailleurs, touché beaucoup de pays en Europe et à l’échelle mondiale. On a alors tout fait pour aller de l’avant en optant pour l’investissement dans l’économie de la connaissance. Un « comité de l’avenir » a été créé au sein du Parlement. L’idée était, justement, d’investir dans les domaines du futur. Dans les années 80, on était le pays le plus riche du monde, avec la Suisse et le Japon, après, on a eu cette chute rapide. Une crise économique qui nous a incités à développer d’autres créneaux. On a misé sur l’économie de la connaissance, en particulier des TIC. Nokia a été la plus importante compagnie dans ce domaine. C’est une très ancienne entreprise finlandaise qui fabriquait des bottes au début, avant de passer aux câbles, puis à la téléphonie mobile. La Finlande a été le premier pays à avoir effectué le premier appel d’un téléphone mobile, et via GSM. Le SMS a été créé par un jeune ingénieur au ministère des Télécommunications finlandais en 1984. Ce jeune était dans un café à Copenhague au Danemark et c’est à partir de là qu’il a trouvé l’idée des SMS. Il y a deux ans, le Harvard Business Review a classé la Finlande comme le plus important pays dans les inventions des TIC.
Que représentent les TIC dans le PIB de la Finlande ?
Les TIC représentent 3% du PIB, soit 5 milliards d’euros. Elles représentent aussi une partie de la recherche en information. On a 21 universités en Finlande dont plusieurs font dans les TIC. Parmi elles, AALTO University est la plus réputée et la plus importante dans le domaine. On a beaucoup de cyber-villages. Pour suivre des études universitaires de la technologie en Finlande, c’est le système de « numerus clausus » (nombre fixe d’étudiants admis dans certains cursus chaque année, ndlr) qui est appliqué. Ce n’est pas tout le monde qui peut rentrer en université. C’est très ciblé. Les groupes qui sont admis sont très petits mais très efficaces. Ce sont des groupes qui travaillent dans le domaine des TIC. Ils ne font que ça. Ils sont très spécialisés.
L’Etat finlandais soutient-il les jeunes pour la création d’entreprises dans les TIC ? Quelles sont les aides dont ils bénéficient ?
L’Etat soutient les jeunes dans leurs études qui sont gratuites. C’est déjà énorme de donner tous les moyens pour la recherche de haut niveau. Chaque étudiant chercheur a une bourse. Les jeunes travaillent en groupe. Il n’y a pas une subvention directe comme on voit ici en Algérie. C’est selon les résultats obtenus. Si on veut quelque chose de plus, il faut montrer de quoi on est capable. Avec de bons résultats, les étudiants peuvent créer une petite entreprise. Par la suite, c’est à l’entreprise de faire ses preuves pour pouvoir prétendre à une quelconque aide.
Comment voyez-vous la coopération entre l’Algérie et la Finlande dans les TIC et dans d’autres secteurs d’activités ?
Il y a pas mal de projets de coopération avec l’Algérie dans le domaine des TIC. Des ingénieurs finlandais et algériens ont travaillé pour relancer le test de la 4G/LTE (long terme evolution), lancée à titre expérimental dans le cyberparc de Sidi Abdellah. Des ingénieurs finlandais ont formé des Algériens. Il s’agit d’une unité sponsorisée par Nokia et Siemens avec le ministère des postes et télécommunications. En plus, il y a six universités à l’Est de l’Algérie qui travaillent avec deux universités finlandaises sur lesénergies renouvelables et les TIC dans le cadre du smart grid (optimiser la production, la distribution, la consommation d’énergie, ndlr). En Algérie, vous avez la possibilité d’avancer rapidement parce que beaucoup de choses ont été faites. Nokia est déjà installée en Algérie depuis longtemps. Ils sont en train de relancer avec force une nouvelle entrée en Algérie et ce pour lancer de nouveaux produits ciblés pour ce pays. Cela est prévu pour le 2ème semestre de cette année. Peut-être au mois de juillet. Il y a eu une période où Nokia et aussi la Finlande n’étaient pas très présents ici. L’ambassade a été ouverte à Alger, après 18 ans d’absence. Je suis la première ambassadrice installée au mois de septembre dernier. C’est une relance des relations économiques et aussi politiques entre les deux pays. Nous sommes très intéressés par votre pays, vu sa position dans le lien africain et arabe en partenariat avec l’Europe. On est beaucoup plus proches des pays maghrébins comme l’Algérie. On a pris la décision de revenir ici il y a deux ans. On n’avait pas cette idée de projet dans les énergies renouvelables. Tout le monde est intéressé par l’Algérie à cause de votre richesse énergétique. Mais la décision a été faite avant que ce pays ne devienne intéressant sur ce plan. Il y avait d’autres raisons pour revenir ici. Des raisons politiques puisqu’on vous considère comme un pays ami. Quand on est parti, il y a eu un vide. Quelque chose qu’il fallait combler. Vous êtes importants pour nous pour l’importation du bois finlandais. Dans le domaine technologique, nous avons une vingtaine d’entreprises finlandaises qui sont ici. Il y a de grandes compagnies comme Poyry, Metso, Wärtsilä, Sanako en éducation, Nokia Siemens qui sont déjà présentes en Algérie.
De nouveaux produits chez Nokia en 2012 ?
Nokia est le plus important opérateur en téléphonie mobile en Finlande avec une place confortable au niveau mondial. Quels sont ses projets d’avenir ? Nokia va certainement avoir sa tablette. Il y a beaucoup d’inventions chez Nokia. Ils ont beaucoup de brevets. Ils font des plans des TIC très importants pour l’horizon 2035. Maintenant, ils veulent être plus proches des utilisateurs. Ils veulent rendre les TIC faciles à l’utilisation pour les personnes âgées. Pas très compliqués et de haute qualité. Simplifier les TIC pour tout le monde. Ils font des brevets tous les jours à Nokia. Il y aura certainement à l’avenir des choses fabuleuses chez cet opérateur. De l’autre côté, il y a beaucoup de jeunes compagnies qui vont vers la production de logiciels. Il y a aussi d’autres sociétés finlandaises dans la téléphonie mobile, mais elles n’ont pas la même envergure que Nokia. D’autres sont spécialisées dans la sécurité des réseaux.
Hafidh Abdelsalam, Le Quotidien d’Oran
السفير الفنلندي في الجزائر العاصمة
Finnish ambassador in Algiers
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