Ressources en eau : l’urgence de moderniser les réseaux de mesure mise en exergue à Constantine
CONSTANTINE - La modernisation des réseaux de mesure des ressources en eau s’avère "urgente" aujourd’hui en Algérie pour "mieux gérer cette richesse naturelle qui s’amenuise", se sont accordés à souligner, lundi à Constantine, les participants à un colloque international sur la gestion intégrée de cette ressource.
Les avancées réalisées jusque-là par l’Algérie dans le développement des systèmes de mesures des ressources en eau doivent être "impérativement" sous-tendus par un travail de "mise à jour" inspiré des progrès techniques et technologiques concrétisés en la matière, a souligné Khatim Kherraz, directeur de l’Agence de bassin hydrographique Constantinois Seybousse-Mellegue.
Les outils dont dispose l’Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH) pour assurer l’observation, le suivi et la mesure des différents éléments du cycle de l’eau en Algérie sont "loin d’être négligeables ou archaïques", a souligné le directeur général de cette agence nationale, Rachid Taïbi qui a insisté, cependant, sur la nécessité "d’actualiser" ces acquis.
Le réseau national d’observation se compose essentiellement de 200 stations hydrométriques pour suivre l’écoulement des cours d’eau, de 800 stations pluviométriques pour suivre la répartition et l’intensité des pluies à travers le territoire national et de 700 piézomètres (dispositifs de mesure de pression des liquides, NDLR) pour suivre les fluctuations du niveau des nappes importantes du pays, soumises à une exploitation effrénée, a détaillé M. Taibi, faisant également part de l’existence d’un réseau de surveillance de la qualité des eaux, tant superficielles que souterraines.
Cet important dispositif participe activement à l’enrichissement et à l’adaptation de la banque des données exploitée dans les études de synthèse et de cartographies menées pour mesurer l’évapotranspiration, les pluies mensuelles et annuelles, les écoulements de surface et les ressources en eaux souterraines, notamment, a encore souligné le DG de l’ANRH.
L’analyse des données recueillies dans le cadre de ce système de mesure des ressources en eau a permis la confirmation de la "hantise" d’amenuisement du précieux liquide, provoqué par le changement climatique, a également relevé M. Taibi, faisant part, dans ce contexte, d’une "diminution de près de 30% des précipitations enregistrée à l’échelle nationale durant ces trois dernières décennies".
L’exclusivité des images satellites a été "importée" en Algérie, a encore souligné M. Taibi, précisant que l’utilisation de ce procédé "de pointe" a donné lieu à l’élaboration d’une nouvelle carte géologique du pays à partir de laquelle ont été identifiées 147 unités hydrogéologiques.
De son côté, Azeddine Mebarki, professeur à la faculté des Science de la terre, de géographie et d’aménagement du territoire de Constantine, a mis l’accent sur les "lacunes persistantes" en matière de "connaissance spatiale des bilans hydriques", éléments, qu’il a qualifiés "d’indispensables" pour les besoins d’étude et de gestion intégrée des ressources en eau.
L’exploitation des bases de données climatologiques disponibles, conçues sous forme de grilles avec un maillage de 2 km de côté, a conduit à la généralisation d’un bilan hydrique classique et théorique sur le territoire de l’Algérie du nord, a expliqué M. Mebarki.
Les cartes annuelles du déficit agricole et du nombre de mois secs, "reflètent les forts contrastes bioclimatiques de la région de l’Algérie septentrionale, avec un déficit hydrique variant, en année moyenne, de 400 mm au Nord à plus de 2.200 mm au sud, et une durée du +stress+ hydrique passant respectivement de 4 à 12 mois dans l’année", a souligné le Pr. Jean-Pierre Laborde, de l’université de Nice Sophia-Antipolis. Ce dernier a donné, conjointement avec le Pr. Mebarki, une conférence sur "la cartographie, outil de valorisation des données de mesures en Algérie du Nord".
L’expérience de la Tunisie dans le domaine de la mesure des ressources en eau a été exposée par le Pr. Faten Jarraya Horriche du Centre de recherche et des technologies des eaux de Tunisie qui a indiqué que son pays ambitionne à long terme de remplacer les puits existants par des piézomètres.
Elle a insisté sur l’urgence de la mise en place d’une banque de données hydrauliques et géologiques "fiables et exploitables" pour permettre une meilleure gestion de cette ressource naturelle en déperdition en raison de l’augmentation des températures, des consommations accrues par les activités humaines et de l’accumulation de déficits pluviométriques, notamment.
Les participants à ce colloque international, parmi lesquels des spécialistes et des experts français et allemands, ont fait part des progrès réalisés par leurs pays dans le domaine de gestion intégrée des ressources en eaux et les projections envisagées pour une meilleure préservation de cette source de vie.
Placé sous le thème "Rôle, organisation et traitement de la mesure", cette rencontre s’est voulue une "séance de concertation" entre décideurs et experts pour projeter des actions à même de permettre de rattraper les éventuels retards accusés par l’Algérie en matière de gestion intégrée des ressources en eau, ont souligné les organisateurs.
Ce colloque de deux jours est organisé par l’Agence de bassin hydrographique Constantinois Seybousse-Mellegue en collaboration avec l’université Mentouri de Constantine et la Société allemande de coopération internationale (GIZ).APS
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