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Patrick le Berrigaud

mercredi 4 janvier 2012

Mr Boudjemaâ El Ankis hommage soirée chaâbi


Une soirée chaâbi dédiée à Boudjemaâ El Ankis : Hommage au chantre de la Belle Epoque

Vivre l’insigne trajectoire d’un art populaire enraciné dans nos traditions, parcourir les étapes d’un jeune néophyte harcelé par le désir ardent de se faire un nom Vivre l’insigne trajectoire d’un art populaire enraciné dans nos traditions, parcourir les étapes d’un jeune néophyte harcelé par le désir ardent de se faire un nom, se hisser par la suite au rang de représentant incontesté de la chanson chaâbi, dont la réputation n’a rien à envier à celle des plus grands, laisser de belles traces derrière soi avec le sentiment honorable d’avoir accompli sa mission, tel est le destin de Hadj Mohamed Boudjemaâ El Ankis.
L’hommage qui lui sera rendu demain à la salle Ibn-Zeydoun de Riadh El Feth par ses pairs, un public féru et amoureux de chansons chaâbi,  n’est que la juste reconnaissance d’une carrière jamais en dents de scie, le résultat d’une abnégation jamais prise en défaut, au service d’un sacerdoce  qu’il aura servi durant des décennies, avec la foi du charbonnier.
C'est grâce à des artistes comme El Hadj M’hamed Al Anka, initiateur du genre, Boudjemaâ El Ankis, Mahboub Bati (auteur-compositeur), Dahmane El Harrachi et consorts que le chaâbi s'est modernisé en devenant un genre musical écouté aux quatre coins du pays. Ils ont su le populariser en l'algérianisant définitivement. Avec eux, les chansons sont écrites dans la langue populaire et leurs thèmes se rapportent généralement à la vie de tous les jours. L'évolution du chaâbi est redevable dans un certain sens  à Boudjemaâ El Ankis, dont la hardiesse et l’énergie ont  su faire face aux tempêtes venues d’ailleurs, dès la fin des années soixante et le début des années soixante-dix, mettant la chanson chaâbi au bord du précipice ou, au pire des cas, la restreindre dans le cadre et le cercle étriqués des fêtes familiales algéroises. C'était, faut-il le rappeler, l'époque où l'on s'accrochait vainement aux anciens textes du «melhoun» tout en faisant l’impasse sur  la réalité immédiate qui bouillonnait de préoccupations intenses. Des chanteurs comme Hachemi Guerouabi, Boudjemaâ El Ankis, Amar Ezzahi, Amar El Achab se sont fait connaître fatalement hors d'Alger grâce aux chansons composées par Mahboub Bati, une authentique  cheville ouvrière, et c'est de cette manière qu'ils ont pu vulgariser le reste de leurs répertoires respectifs constitués  d'anciens textes de poésie populaire. L’histoire en a pris acte.
Boudjemaâ El Ankis, né le 17 juin 1927 à la Casbah d’Alger,  au sein d’une famille originaire d’Azeffoun,  a commencé à travailler chez son oncle, propriétaire d’une crémerie, avant de rejoindre Sid Ahmed Serri au greffe de la cour d’Alger. Il rêvait déjà de devenir El Ankis. Il s’essaie à la mandoline puis à la guitare tout en écoutant les grands maîtres. En 1942, l'apprenti qu'il était exécutera pour la première fois en public, à l'occasion d'un mariage, A la Rssoul El Hadi Sali Ya Achiq, un poème classique du genre. Boudjemaâ El Ankis évolua entre El Anka et Hadj Mrizek, les deux monstres sacrés de l'époque. Il débuta avec un répertoire de medh comprenant essentiellement les quacidate, Chouf li ouyoubek ya rassi, Ya ighafel, Ya khalek lachia, Zaoubnafi h'inak et El bar, de différents poètes du genre.
 Galvanisé par le succès, il se met à faire un travail personnel d'arrangement musical et, au milieu des années 50, il se lance dans la chansonnette.
La lutte de libération ne l’épargna pas, parce qu'il sera arrêté et torturé à deux reprises par les services spécialisés de l'armée coloniale, en 1957 et en 1960. Sa sortie de prison coïncide avec une reprise heureuse avec son violon d’Ingres. Djana El Intissar, dont il est l'auteur des paroles et de la musique,  évoquant les manifestations du 11 décembre 1961 est un hymne à l'indépendance. Pour cibler la jeunesse, Boudjemâa El Ankis fait appel à Mahboub Bati qui le mettra au- devant de la scène par de nouvelles chansons écrites dans la langue algérienne. Le marché et les ondes sont «inondés» alors   d'une soixantaine de tubes à succès dans la veine des Tchaourou 'alia, Rah el ghali rah, Ah ya intiyya. La réussite est claire comme de l’eau de roche. Il s’est agi d’une utilisation d’une  langue populaire accessible à souhait, de nouvelles compositions musicales pleines de vertus revigorantes et d’un rythme adapté aux goûts juvéniles. Une mixture qui fit son œuvre.
Le créneau sera exploité par des chanteurs tels que Amar Zahi, El Hachemi Guerouabi, Hassen Saïd, Amar El Achab et autres talents avérés. Boudjemaâ El Ankis en est le digne pionnier, a brillé dans son genre et sur la scène artistique  grâce à son travail, sa ferveur inextinguible  à l’égard de la chanson populaire qui l’a accompagné toute sa vie.
Il faut rendre hommage à cet artiste émérite non pas pour tisonner les vieilles rengaines sur le lustre d’antan, obliger la jeune génération à «s’hypnotiser» devant le legs des devanciers, mais faire en sorte que le chaâbi ne soit pas le reliquat d’une période faste, un écho lancinant, témoin de sa notoriété passée, alors que le temps présent a besoin encore une fois de renouveau, de fraîcheur, d’audace et d’imagination pour expurger le genre d’ hyperboles romantiques, de métaphores anachroniques ou d’ effusions éculées. C’est très certainement la mission des jeunes chanteurs d’aujourd’hui.                                                                                                        
M. Bouraib 
ELMOUDHAJID

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