Métro d'Alger
Un lieu de pèlerinage !
Les autorités ont fait les choses au complet. Pour permettre au maximum de gens d'Alger ou d'ailleurs de faire connaissance avec le métro, après près de 30 ans d'attente, il a été décidé de l'inaugurer durant les vacances scolaires. On y va donc comme on va à l'école : par groupes. Cela va permettre à tout le monde de satisfaire rapidement sa curiosité.
Ecoliers, collégiens et lycéens auront ainsi de quoi palabrer à la prochaine rentrée des classes. Après son inauguration officielle, le 1er novembre, par le président de la République, le métro a été, en effet, pris d'assaut dès le lendemain matin qui a marqué le début de l'exploitation commerciale de l'infrastructure.
Très tôt dans la matinée de mercredi, quelques personnes âgées tournaient déjà autour des accès de la gare centrale de la Grande-Poste, à Alger Centre, hésitant à y entrer malgré les portes ouvertes et s'en éloignant quand d'autres personnes étaient de passage. Au cours de la journée, un monde fou était allé à la découverte du métro. L'affluence a été toutefois à son apogée jeudi dernier.
La station de la Grande-Poste est devenue un lieu de pèlerinage. Un passage obligé pour des milliers de familles en quête de bonnes affaires d'achats dans le centre-ville de la capitale, à trois jours de la fête du sacrifice. Les voyageurs sortaient de la bouche du métro comme des fourmis.
«C'est une bonne chose kho !», lance un jeune homme. A l'intérieur de la station, les exploitants donnent l'impression de ne pas s'attendre à cette ruée. Dans les couloirs et les escaliers, on rencontre des femmes, beaucoup d'enfants et peu d'hommes. Les uns faisaient des commentaires sarcastiques à propos des instructions comme celle interdisant de manger ou de cracher dans les rames, et surtout de fumer !
Les autres, très joyeux, essayaient de profiter au maximum de ce voyage, le premier de leur existence dans un métro. La station s'est pliée en quatre devant cette affluence. Faute de savoir le manipuler correctement, le distributeur automatique de tickets, 50 DA l'unité, est déjà «hors service».
«Les gens pensaient qu'il suffisaient de glisser de l'argent pour obtenir son billet. La machine est programmée de façon à permettre aux voyageurs de choisir la langue de la programmation, le nombre de tickets demandés. A force de mauvaises manipulations, elle a été mise hors service», indique-t-on.
Un des deux escaliers mécaniques a été aussi bloqué. Dans l'après-midi, une équipe de maintenance était à l'œuvre afin de le remettre au point. En plus du distributeur automatique, la station dispose de deux guichets de vente de billet. On demande jusqu'à 5 tickets à la fois.
«T'es monté dans le métro ?», c’est la question d'actualité !
Sur le comptoir des guichetiers, l'on peut admirer cette montagne de billets de 200 DA et ces plaines de 50 et 100 DA. Une belle cagnotte. «Tout-Alger est déjà passé par là !», s'exclame-t-on.
Au centre-ville, dans les cafés, les magasins ou les boulevards, quand on a du mal à engager une discussion, la première question qui vient tout de suite à l'esprit est : «T'es monté dans le métro ?»
Ceux qui répondent par la négative subissent parfois des reproches comme s'ils sont passés à côté de quelque chose de très essentiel, alors que l'exploitation du métro n'est qu'à son deuxième jour… Une fois les billets achetés, il faut les composter pour franchir les barrières qui bloquent le passage vers le quai.
Dans beaucoup de cas, les composteurs rejettent les tickets introduits sous prétexte qu'ils ne sont pas «valides». L'introduction des billets à l'envers y est certainement pour quelque chose.
Les voyageurs sont alors priés de changer de file et d'utiliser un autre poste de compostage, cette fois-ci avec l'aide des agents de la gare. Un habitué des métros parisiens regardait avec amusement la foule massée derrière les barrières. «Tout le monde est gentil ici !», dit-il.
Le bonhomme voulait faire comprendre que les voyageurs sont encore loin de deviner comment on peut monter dans le métro sans prendre un ticket. Comment ? «C'est simple. Quand on est face à la barrière, il suffit de se coller à deux. Il y a suffisamment d'espace entre les deux bouts de fer de la barricade pour deux personnes, en se serrant un peu bien sûr», explique-t-il. On n'en est pas encore là : les gens sont plus curieux que voyageurs.
Tafourah-Bachdjarrah en 10 minutes
Par bus, les voyageurs parcourent le trajet Tafourah-Bachdjarrah, soit une dizaine de kilomètres, en deux heures, voire plus aux heures de pointe.
Les embouteillages à Tafourah, Hassiba Benbouali ou Ruisseau, entre autres, gênent grandement le trafic routier. En pareille situation, le métro rend un grand service.
Il permet de quitter le centre-ville et d'arriver à l'entrée de la commune de Bachdjarrah en 10 minutes, sans avoir à subir les interminables files de voitures, les insupportables klaxons et les inévitables bousculades dans les cars privés, souvent d'une saleté repoussante. «Cela fait longtemps que je ne me suis pas rendu à La Casbah. Chaque fois je laissais tomber rien qu'en pensant aux bus et aux embouteillages qu'il faut endurer. Avec le métro, c'est carrément une autre vie», estime une vieille dame.
Née à La Casbah, elle vit actuellement au chef-lieu de Bachdjarrah. Même en changeant de lieu de résidence, elle a toujours aimé fréquenter les marchés de la Basse-Casbah où il est toujours possible de tomber sur de bonnes affaires. Pour cette dame comme pour d'autres, il est désormais possible de se promener tranquillement en ville et de s'y attarder sans avoir à penser à chaque fois au trajet du retour.
Qu'en est-il des tarifs ?
Les avis divergent. Ceux qui descendent aux stations intermédiaires, entre Khelifa-Boukhalfa et Aïssat-Idir notamment, les qualifient d'excessifs, voire de «vols». Mais les voyageurs qui descendent à Haï El Badr, la dernière station, sont souvent indécis. Ils ont du mal à faire une comparaison entre le niveau des tarifs (50 DA la place) et tous les tracas auxquels ils échappent.
«Ça sera beaucoup mieux si on arrive à le baisser un peu, à 40 DA par exemple», estime l'ancienne fille de La Casbah. Il faut dire que le métro ne règle pas tous les problèmes de déplacement sur cette ligne. Une fois à Haï El Badr, les gens doivent prendre un bus pour rejoindre la station de transport urbain de Bachdjarrah, à environ 1,5 km. Depuis la passerelle de la gare, on apperçoit un immense embouteillage sur cette route.
Que faire? Une partie des voyageurs préfèrent alors attendre aux arrêts en face de la gare, à l'entrée du lotissement Mohamed-Saïdoun. C'est par là que transitent les transporteurs privés exploitant la ligne Brossette-Bachdjarrah. En fin de journée, les bus arrivaient bondés au point de ne pouvoir s'arrêter au lotissement. Ceux qui peuvent marcher poussent jusqu'aux prochains arrêts, 300 m plus loin.
A ce niveau, les bus, privés ou de l'Etusa, sont plus nombreux et moins chargés parce qu'ils viennent de plusieurs localités à la fois (1er-Mai, Aïn Naâdja,...) L'endroit est peu accueillant à cause d'une décharge sauvage de et d'un commerce improvisé de foin, à 800 DA la botte. Par terre, on tombe sur des tickets de métro. le temps d'Algerie DC
Un lieu de pèlerinage !
Les autorités ont fait les choses au complet. Pour permettre au maximum de gens d'Alger ou d'ailleurs de faire connaissance avec le métro, après près de 30 ans d'attente, il a été décidé de l'inaugurer durant les vacances scolaires. On y va donc comme on va à l'école : par groupes. Cela va permettre à tout le monde de satisfaire rapidement sa curiosité.
Ecoliers, collégiens et lycéens auront ainsi de quoi palabrer à la prochaine rentrée des classes. Après son inauguration officielle, le 1er novembre, par le président de la République, le métro a été, en effet, pris d'assaut dès le lendemain matin qui a marqué le début de l'exploitation commerciale de l'infrastructure.
Très tôt dans la matinée de mercredi, quelques personnes âgées tournaient déjà autour des accès de la gare centrale de la Grande-Poste, à Alger Centre, hésitant à y entrer malgré les portes ouvertes et s'en éloignant quand d'autres personnes étaient de passage. Au cours de la journée, un monde fou était allé à la découverte du métro. L'affluence a été toutefois à son apogée jeudi dernier.
La station de la Grande-Poste est devenue un lieu de pèlerinage. Un passage obligé pour des milliers de familles en quête de bonnes affaires d'achats dans le centre-ville de la capitale, à trois jours de la fête du sacrifice. Les voyageurs sortaient de la bouche du métro comme des fourmis.
«C'est une bonne chose kho !», lance un jeune homme. A l'intérieur de la station, les exploitants donnent l'impression de ne pas s'attendre à cette ruée. Dans les couloirs et les escaliers, on rencontre des femmes, beaucoup d'enfants et peu d'hommes. Les uns faisaient des commentaires sarcastiques à propos des instructions comme celle interdisant de manger ou de cracher dans les rames, et surtout de fumer !
Les autres, très joyeux, essayaient de profiter au maximum de ce voyage, le premier de leur existence dans un métro. La station s'est pliée en quatre devant cette affluence. Faute de savoir le manipuler correctement, le distributeur automatique de tickets, 50 DA l'unité, est déjà «hors service».
«Les gens pensaient qu'il suffisaient de glisser de l'argent pour obtenir son billet. La machine est programmée de façon à permettre aux voyageurs de choisir la langue de la programmation, le nombre de tickets demandés. A force de mauvaises manipulations, elle a été mise hors service», indique-t-on.
Un des deux escaliers mécaniques a été aussi bloqué. Dans l'après-midi, une équipe de maintenance était à l'œuvre afin de le remettre au point. En plus du distributeur automatique, la station dispose de deux guichets de vente de billet. On demande jusqu'à 5 tickets à la fois.
«T'es monté dans le métro ?», c’est la question d'actualité !
Sur le comptoir des guichetiers, l'on peut admirer cette montagne de billets de 200 DA et ces plaines de 50 et 100 DA. Une belle cagnotte. «Tout-Alger est déjà passé par là !», s'exclame-t-on.
Au centre-ville, dans les cafés, les magasins ou les boulevards, quand on a du mal à engager une discussion, la première question qui vient tout de suite à l'esprit est : «T'es monté dans le métro ?»
Ceux qui répondent par la négative subissent parfois des reproches comme s'ils sont passés à côté de quelque chose de très essentiel, alors que l'exploitation du métro n'est qu'à son deuxième jour… Une fois les billets achetés, il faut les composter pour franchir les barrières qui bloquent le passage vers le quai.
Dans beaucoup de cas, les composteurs rejettent les tickets introduits sous prétexte qu'ils ne sont pas «valides». L'introduction des billets à l'envers y est certainement pour quelque chose.
Les voyageurs sont alors priés de changer de file et d'utiliser un autre poste de compostage, cette fois-ci avec l'aide des agents de la gare. Un habitué des métros parisiens regardait avec amusement la foule massée derrière les barrières. «Tout le monde est gentil ici !», dit-il.
Le bonhomme voulait faire comprendre que les voyageurs sont encore loin de deviner comment on peut monter dans le métro sans prendre un ticket. Comment ? «C'est simple. Quand on est face à la barrière, il suffit de se coller à deux. Il y a suffisamment d'espace entre les deux bouts de fer de la barricade pour deux personnes, en se serrant un peu bien sûr», explique-t-il. On n'en est pas encore là : les gens sont plus curieux que voyageurs.
Tafourah-Bachdjarrah en 10 minutes
Par bus, les voyageurs parcourent le trajet Tafourah-Bachdjarrah, soit une dizaine de kilomètres, en deux heures, voire plus aux heures de pointe.
Les embouteillages à Tafourah, Hassiba Benbouali ou Ruisseau, entre autres, gênent grandement le trafic routier. En pareille situation, le métro rend un grand service.
Il permet de quitter le centre-ville et d'arriver à l'entrée de la commune de Bachdjarrah en 10 minutes, sans avoir à subir les interminables files de voitures, les insupportables klaxons et les inévitables bousculades dans les cars privés, souvent d'une saleté repoussante. «Cela fait longtemps que je ne me suis pas rendu à La Casbah. Chaque fois je laissais tomber rien qu'en pensant aux bus et aux embouteillages qu'il faut endurer. Avec le métro, c'est carrément une autre vie», estime une vieille dame.
Née à La Casbah, elle vit actuellement au chef-lieu de Bachdjarrah. Même en changeant de lieu de résidence, elle a toujours aimé fréquenter les marchés de la Basse-Casbah où il est toujours possible de tomber sur de bonnes affaires. Pour cette dame comme pour d'autres, il est désormais possible de se promener tranquillement en ville et de s'y attarder sans avoir à penser à chaque fois au trajet du retour.
Qu'en est-il des tarifs ?
Les avis divergent. Ceux qui descendent aux stations intermédiaires, entre Khelifa-Boukhalfa et Aïssat-Idir notamment, les qualifient d'excessifs, voire de «vols». Mais les voyageurs qui descendent à Haï El Badr, la dernière station, sont souvent indécis. Ils ont du mal à faire une comparaison entre le niveau des tarifs (50 DA la place) et tous les tracas auxquels ils échappent.
«Ça sera beaucoup mieux si on arrive à le baisser un peu, à 40 DA par exemple», estime l'ancienne fille de La Casbah. Il faut dire que le métro ne règle pas tous les problèmes de déplacement sur cette ligne. Une fois à Haï El Badr, les gens doivent prendre un bus pour rejoindre la station de transport urbain de Bachdjarrah, à environ 1,5 km. Depuis la passerelle de la gare, on apperçoit un immense embouteillage sur cette route.
Que faire? Une partie des voyageurs préfèrent alors attendre aux arrêts en face de la gare, à l'entrée du lotissement Mohamed-Saïdoun. C'est par là que transitent les transporteurs privés exploitant la ligne Brossette-Bachdjarrah. En fin de journée, les bus arrivaient bondés au point de ne pouvoir s'arrêter au lotissement. Ceux qui peuvent marcher poussent jusqu'aux prochains arrêts, 300 m plus loin.
A ce niveau, les bus, privés ou de l'Etusa, sont plus nombreux et moins chargés parce qu'ils viennent de plusieurs localités à la fois (1er-Mai, Aïn Naâdja,...) L'endroit est peu accueillant à cause d'une décharge sauvage de et d'un commerce improvisé de foin, à 800 DA la botte. Par terre, on tombe sur des tickets de métro. le temps d'Algerie DC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire