Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

vendredi 23 septembre 2011

Algerie 5400 hectares de terres arables affectés à l’urbanisme

Le secteur agricole a connu des bouleversements importants à travers l’entrée en vigueur de certaines mesures législatives durant la période estivale qui vient de s’écouler.

Les nouvelles décisions, prises à divers niveaux du gouvernement, concernent beaucoup plus la gestion et la préservation des ressources naturelles. La décision, qui risque de porter un préjudice de grande ampleur au secteur agricole, est celle portant la conversion de plus de 5400 hectares de terres arables pour les réaffecter à l’urbanisation.Il s’agit ainsi du décret exécutif 11-237du 9 juillet 2011 portant «déclassement de parcelles de terres agricoles affectées à la réalisation de logements publics et équipements d’accompagnement dans certaines wilayas» et du décret 11-238, portant déclassement de terres relevant du domaine forestier national.
«Le présent décret a pour objet le déclassement des parcelles de terres agricoles, situées sur les territoires de certaines wilayas, affectées à la réalisation de logements publics et des équipements d’accompagnement», est-il souligné à l’article premier du décret exécutif 11-237 auquel a été jointe une liste d’une quinzaine de wilayas touchées par ce changement de vocation des terres agricoles.
L’est du pays est, en tout cas, le plus touché par cette conversion. Le secteur perd 2100 ha dans la seule wilaya de Constantine et 942 ha à Sétif. Alors qu’à Alger, ce sont 612 ha qui seront engloutis par le béton. Dans lapériphérie de la capitale, c’est, bien évidemment, la plaine de la Mitidja qui est menacée davantage malgré ses très hautes potentialités.

Déjà jugée très faible, avec une proportion de moins de 0,2 hectare/habitant seulement, la SAU (surface agricole utile) du pays est désormais amputée de 5400 ha qui serviront à la réalisation de logements et autres infrastructures.
La conversion de milliers d’hectares de terres arables en un seul tour de bras relance tout de même le débat sur la vulnérabilité du foncier agricole en Algérie et surtout la fragilité des instruments réglementaires censés garantir la protection de ces terres. Certes, avant que le déclassement de ces terres ne soit décidé, le gouvernement justifie son action par «l’utilité publique», à savoir, la nécessité de dégager de nouvelles assiettes foncières pour répondre aux besoins en logement et équipements publics.

Mais cet argument, à lui seul, est loin de convaincre les professionnels du secteur agricole autant que les spécialistes en la matière qui requièrent désormais la redéfinition de cette «utilité publique», elle-même.  Ces derniers estiment que c’est pour éviter un débat houleux que les pouvoirs publics ont attendu la période d’été et, de surcroît, à quelques jours seulement du mois de Ramadhan, pour annoncer cette décision préjudiciable à l’avenir de l’agriculture algérienne.
Epuisement des ressources naturelles
Pour «banaliser» l’ampleur de sa décision, le gouvernement fait croire que, dans le choix des parcelles à convertir, la priorité a été donnée aux terres peu productives ou à faible rendement.Mais conscient de l’ampleur des conséquences qui pèsent sur l’avenir du secteur agricole et la sécurité alimentaire du pays, le directeur de l’Office national des terres agricoles (ONTA) a reconnu, au lendemain de la promulgation desdits décrets, que parmi les parcelles converties, il y a des terres fertiles et à hautes potentialités agricoles.
Dans l’ensemble, il est difficile d’admettre que des terres au nord du pays sont qualifiées de faibles potentialités au moment où d’importants programmes de mise en valeur sont menés, à coups de milliards de dinars, dans le Grand Sud.

En moins de 10 ans, plus de 200 000 hectares sont mis en valeur dans le Sahara mais, en termes de productivité, ces surfaces sont loin d’être viables, à l’exception des terres qui s’inscrivent dans le prolongement des oasis qui ont des niveaux de rendements importants.Pressé par des besoins en croissance constante dans le secteur de l’urbanisme et de l’habitat, le gouvernement vient de prouver, une nouvelle fois, sa préférence pour les solutions faciles, en se contentant de faire l’extension des villes du Nord, au lieu d’aller à la recherche de solutions plus judicieuses et plus durables.
Sinon, dans un pays de près de 240 millions d’hectares et qui n’est occupé qu’à hauteur de 30% à peine, on trouve toujours des prétextes pour détourner vers d’autres vocations le peu de terres arables disponibles. Or, s’il y a une gestion efficace du volet relatif à l’aménagement du territoire, la priorité aurait été donnée à l’orientation des flux démographiques vers des régions non agricoles pour atténuer la pression sur le peu de terres arables qui servent à nourrir les populations locales. Laquelle démarche qui requiert le développement de villes nouvelles, dans le vaste territoire inoccupé de l’Algérie. Ces villes seront attractives dès qu’elles seront dotées de toutes les commodités nécessaires (emploi, moyens de communication, etc.).                      
Mohamed Naili elwatan

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