Edito
Direction Afrique toute
A part les aspects politiques, sociaux et culturels, l'économie marocaine et l'économie algérienne n'ont plus rien à attendre d'une éventuelle ouverture des frontières. C’est paradoxalement cela qui va permettre leur ouverture dans un proche avenir. Cette crainte qu’a toujours eue l’Algérie de voir tous ses produits subventionnés alimenter le marché noir du Maroc, et l’impression chez les Marocains que le marché intérieur algérien est une aubaine pour notre agriculture et nos produits, sont aujourd’hui totalement dépassées.
Depuis 1994 le monde a beaucoup changé. La Chine s'est imposée dans toute la zone, noyant le Maghreb de ses produits à des prix qu’aucun de ces pays ne peut concurrencer. Pour les Marocains et les Tunisiens il faudra aussi compter avec un secteur privé Algérien très dynamique qui fabrique aujourd’hui les mêmes produits que nous aurions aimé leur vendre. Par ailleurs depuis 1994, le dinar algérien a baissé de 300% par rapport à l’Euro alors que le Dirham est resté pratiquement au même niveau. Cela facilite énormément les exportations algériennes, tout en réduisant leurs importations de produits étrangers.
C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier le travail réalisé par plusieurs investisseurs et institutions marocains qui se sont orienté vers l’Afrique subsaharienne: Royal Air Maroc a multiplié les ouvertures de lignes de transport avec les pays subsahariens, les banques principales, Attijari et la BMCE, ont investi dans plusieurs de ces pays, et de nombreux industriels et commerçants s’y sont installés. Tous sont à féliciter pour leur clairvoyance et leur efficacité. Les échanges avec les pays subsahariens ont atteint en 2010 11 milliards de dirhams soit trois fois plus qu’en 2000.
Les trois pays du Maghreb n’ont pas d’autre choix que regarder dans cette direction, soit chacun tout seul, soit en constituant des partenariats entre eux, ou encore chacun en partenariat avec des acteurs économiques européens.
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