Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

lundi 29 août 2011

Algérie performances financières

Réserves de change - un rempart contre les chocs, mais... L'Algérie a réalisé en 2010 des performances financières appréciables. Le rapport présenté jeudi dernier à Alger par le gouverneur de la Banque d'Algérie a fourni un peu plus de détails sur ce redressement des agrégats financiers du pays, après une année 2009 plutôt morose.
Toutefois, Laksaci n'as pas répondu à toutes les questions qui se posent actuellement. Le rapport en question couvre l'année dernière. Et c'est pourquoi le patron de la BA a annoncé la présentation de la note de conjoncture du premier semestre de l'année en cours dans deux semaines. Il avait assuré à cette occasion que la banque planchera sur toutes les questions relatives à la crise de la dette américaine, ses répercussions, mais également la situation dans la zone euro qui se complique davantage. En attendant, le rapport de la BA a mis la lumière sur les réserves de change de l'Algérie. Un sujet qui était au coeur de l'actualité nationale ces derniers temps, notamment après les informations faisant état de difficultés financières aux Etats-Unis ainsi qu'un risque de cessation de paiement.

A ce propos, Laksaci fera savoir que les réserves de change ont atteint, à fin 2010, 162,22 milliards de dollars (avoirs en DTS compris). La balance des paiements extérieurs courants a également enregistré un excédent appréciable de 12,6 milliards de dollars en 2010, soit 7,5% du PIB. Cette dernière est «adossée au redressement soutenu du prix du baril de pétrole (80,15 dollars contre 62,26 en 2009) et corrélativement à la forte augmentation des recettes d'exportation des hydrocarbures (+26,4%)». Toutefois, le gouverneur de la Banque d'Algérie a tenu à clarifier certains détails nécessaires afférents à la gestion des réserves de change. Selon lui, environ 98% de ces placements, répartis entre les Etats-Unis et l'Europe, sont effectués en portefeuilles de titres souverains (valeurs d'Etat) que l'Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007, lorsque les taux d'intérêt mondiaux étaient relativement élevés». «Ces titres, indique-t-il, sont soumis à un taux d'intérêt moyen fixe de 3% en 2010, un rendement légèrement inférieur à celui de 2009 et 2008.» Pour Laksaci, si les dépôts sont effectués auprès des banques centrales et des institutions financières supranationales depuis 2000, les portefeuilles en titres «sont investis dans des institutions qui bénéficient de la meilleure notation et donc les moins risqués».

Une gestion prudentielle pour trois objectifs

Quant aux objectifs de cette gestion, ils consistent à préserver la valeur du capital, en minimisant le risque de perte de la valeur marchande des actifs et en maintenant un portefeuille diversifié d'actifs de haut risque en termes de notation de crédit et de type d'émetteur, mais aussi en appliquant des pratiques appropriés d'atténuation des risques. Le deuxième objectif consiste à maintenir un niveau élevé de liquidités : placer les réserves dans des actifs qui viennent à échéance ou peuvent être revendus sans perte de valeur. Le troisième point a trait à l'optimisation des rendements toute en respectant les objectifs de sécurité. Dans le chapitre de la croissance économique, le rapport de la BA fait état d'une reprise de la croissance qui s'est confirmée en 2010, tirée par la demande intérieure. Elle est de 3,3% au moment où le secteur des hydrocarbures enregistre une croissance négative. Hormis ce dernier secteur, tous les autres ont connu une croissance positive : industrie 0,9% contre 5% en 2009, agriculture 6% contre 20% en 2009. Les services marchands (commerce, transport, BTP) ont également contribué à la progression du PIB hors hydrocarbures.

Cependant, ces chiffres ne devraient pas tromper. Ils proviennent essentiellement des investissements publics. Sur ce point, Lakcasi n'a pas mâché ses mots, réitérant encore une fois la nécessité de diversifier l'économie du pays. «Il ne faut surtout pas confondre excès de réserves de change et excès de richesse», dira-t-il en guise d'avertissement. L'autre élément qui a enregistré une évolution positive en 2010 est le secteur bancaire, selon le même rapport. Dans ce cadre, le total des actifs des banques publiques est passé de 6 497 milliards de dinars en 2009 à plus de 7 000 milliards de dinars à fin 2010. Le ratio de solvabilité bancaire est passé à 23,31% en 2010 contre 22,11% en 2009, un taux «bien au-delà des recommandations de Bâle III» (règles prudentielles édictées par la Banque des règlements internationaux. La rentabilité des fonds propres des banques publiques et privées était de 20,72% en 2010 alors que le rendement des actifs était de 1,52%, soit des taux correspondant aux «meilleurs résultats réalisés dans les pays émergents», commente Lakasci. La marge d'intérêt des banques a connu aussi une hausse de 63,8% en 2010 contre 57,36% en 2009.

Enfin, la BA n'a pas oublié de mettre en exergue le rôle central que devrait jouer le secteur bancaire dans la diversification de l'économie nationale. Pour atteindre le potentiel de croissance hors hydrocarbures sur le moyen terme, «le rôle des banques est désormais décisif en matière de financement des investissements productifs et des activités hors hydrocarbures créatrices de richesses», conclut le rapport.

Smaïl Boughazi

La Tribune/29/08/2011

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