Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

mercredi 10 août 2011

économie réserves de change algériennes 2011

Par ces temps de crise financière mondiale, la question se pose sur l’avenir des 150 milliards de dollars de réserves de change algériennes en cas de défaut d’un pays ou de plusieurs pays dont l’Algérie est créancière. Cette question donne lieu, fatalement, à une  autre : pourquoi autant d’actifs financiers à l’étranger alors que le pays a besoin de développer son économie ? Si les actifs libellés en USD ne doivent pas - ou ne peuvent pas - être cédés, la solution serait peut-être celle du « crédit lombard » : emprunter la contrevaleur, dans la même monnaie, de ces titres.

L’Algérie, qui dispose de réserves de change évaluées à 150 milliards de dollars américains (USD), peut légitimement se demander si la diversification en signatures, devises et maturité de son portefeuille de placements est la bonne dans ce contexte, et dans le cas contraire, ce qu’il faut faire.
La réponse à cette question, qui n’adresse que partiellement la problématique fondamentale de l’économie algérienne, exige des autorités financières du pays toute la transparence sur les modalités de placement de ces réserves. En effet, toute préconisation précise d’ajustement de portefeuille sans en connaître le détail ne serait que pure conjecture !
Partons de ce que nous savons : nous disposons d’un matelas de réserves de change de la contrevaleur de 150 milliards d’USD, dont une proportion importante (50 milliards) est en US T BILLS et US T BONDS, le reste étant réparti entre Obligations souveraines, japonaises et européennes, et or (176 T).
Le plus important : l’Algérie n’a pratiquement pas d’endettement externe (5 milliards d’USD) : s’il s’agissait d’une entreprise, c’en serait une avec un très bon bilan selon les critères de solvabilité exigés par le prêteur. Ceci contraste, bien sûr, avec sa situation économique (fragilité économique d’un pays riche).

Thésauriser dans un contexte mondial de crise d’endettement ?

En conséquence, si la situation (endettement et déficits budgétaires) des pays dont l’Algérie détient en réserve une fraction de la dette est plus ou moins équivalente, il est inutile de rechercher des arbitrages efficients entre les différentes signatures (y compris celle de la vertueuse Allemagne) ; elles vont finir par converger à plus ou moins brève échéance. Les triples « A » ne seront que de lointains souvenirs ! En dehors de l’actif or, les réserves « papier » se valent pour les dix prochaines années au moins !
N’y a-t-il donc pas de réponse satisfaisante à cette angoissante question : que vont devenir les réserves du pays en cas de défaut d’un grand pays, ou de plusieurs pays, dont l’Algérie est créancière ?
Hélas, il n’y a pas de réponse de trading parce que l’on ne gère pas un pays comme un portefeuille boursier. La réponse réside en partie dans une question : pourquoi a-t-on accumulé autant de réserves de change dans un pays jeune qui a besoin de développer son économie ?
D’aucuns répondront : pour ne pas revivre les affres du passé (passage sous tutelle du FMI). L’Algérie serait-elle donc condamnée à thésauriser par peur et manque d’idées alors que l’économie mondiale est dans une spirale d’endettement pour éviter la rechute dans la récession ?
L’Algérie ne gère pas plus mal qu’un autre pays son portefeuille financier mais c’est son économie qui est en déshérence et c’est beaucoup plus grave. Elle a perdu son autonomie et elle est dans une interdépendance financière internationale dont elle est un maillon faible : elle n’a pas d’autres solutions que d’investir ses excédents financiers sur le support financier le plus liquide, le plus profond et encore le plus solvable : L US T BOND !

La solution du « crédit lombard » ?

Les Etats-Unis pratiquent depuis la Guerre du Vietnam et la fin des Accords de Bretton Woods le « déficit sans pleurs ». Ils s’endettent dans leur monnaie et depuis la crise de 2008, leur Trésor fédéral et leur Banque centrale « impriment » ce qu’il faut pour faire face à leurs besoins colossaux. Ils ne feront pas faillite tant que le monde entier accepte la « convention de confiance », basée sur l’incontournable dollar US.
La différence entre les Etats-Unis et l’Algérie c’est que les premiers, en tenant le monde financier « par la barbichette », finiront par restructurer leur économie pour sortir plus forts de la crise qu’ils traversent tandis que notre pays n’aura rien perdu en valeur nominale au niveau de ses actifs financiers mais aura manqué les opportunités qu’une crise présente en corollaire des dangers auxquels elle expose.
Concrètement, si l’Algérie ne doit pas vendre ou ne peut pas vendre ses actifs financiers libellés en USD, elle peut emprunter plus ou moins la contrevaleur dans la même monnaie en contrepartie de ces titres (crédit lombard) !, ce qui constituerait une « couverture » partielle de son portefeuille. Mais pour en faire quoi ? La question ne s’en pose pas moins.
Cette crise financière vient providentiellement après ces appels à des reformes dans le monde arabe. Elle vient rappeler que les enjeux pour les peuples sont vitaux et que leur gestion demande de la transparence.
Pour conclure, le risque le plus important encouru par l’Algérie est la rechute du prix du pétrole consécutive à la récession mondiale qui s’annonce !!Écrit par Omar Berkouk Maghreb Emergent sur

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