Algerie Europe coopération durable

Algerie Europe coopération durable
Patrick le Berrigaud

mercredi 14 mars 2012

Algerie Batna Hassan et Hussein le handicap n’est pas une fatalité 2012


Les "jumeaux phénomènes" de Batna prouvent que le handicap n’est pas une fatalité
BATNA - Hassan et Hussein, des jumeaux très populaires à Batna où l’on n’hésite pas à les qualifier de "phénomènes" démontrent chaque jour que Dieu fait, que le handicap de la cécité, certes irréversible dans la plupart des cas, n’est pas forcément vécu comme une fatalité.
Formant un duo inséparable et solidaire, comme s’ils voulaient s’unir dans une volonté fusionnelle de vaincre leur handicap, Hassan et Hussein ne se contentent pas d’être des surdoués "imbattables" au lycée, et cela depuis l’école primaire, mais ils excellent également dans les domaines artistiques comme le théâtre, le chant "inchad", les arts plastiques et même le sport.
Ils ne considèrent pas ces activités parascolaires simplement comme un complément de formation et d’enrichissement, mais surtout comme une manière de vaincre justement la cécité, de la dépasser et de s’imposer y compris dans un domaine tel que les arts plastiques destinés, par essence, à être appréciés "par et pour la vue". En effet, n’est-il pas vrai que créer une œuvre plastique, c’est une façon de "voir pour les autres" ? Cela est sans doute le secret de l’affection que vouent tous les batnéens à leurs jeunes concitoyens jumeaux qui perdirent la vue des suites d’une maladie congénitale grave.
C’est en tout cas ce que le directeur du lycée Abbas Laghrour, Hamloui Arab, explique à l’APS à propos de ces deux élèves, incontestablement, les préférés de tout l’établissement, enseignants comme élèves. Hassan et Hussein s’avèrent être, au-delà de leur handicap, un extraordinaire stimulant pédagogique pour leurs condisciples, et pas seulement dans leur classe de "2ème année lettres et philosophie", car chacun est fier d’être "l’ami de Hassan et Hussein".
Les enseignants de ces jumeaux d’une vingtaine d’années, à l’image de Noureddine Boughrara, leur professeur de philosophie, sont tous d’avis qu’ils ont affaire à des "personnages exceptionnels" de par leur intelligence remarquable, la facilité du contact qu’ils inspirent de prime abord, leur intérêt pour les relations sociales "positives" et leur curiosité pour tout ce qui touche au monde qui les entoure.
La place de Hassan et Hussein, au lycée comme dans leur quartier ou en ville, n’a certes pas été acquise facilement. Les difficultés ont été nombreuses et souvent décourageantes, tiennent-ils à le rappeler, car pour "les personnes aux besoins spécifiques", l’école ne dispose pas toujours, loin s’en faut, de ces moyens spécifiques, nécessaires à leur insertion scolaire. Mais à la base, affirme Hussein, il y a avant tout la volonté : "Moi-même, dit-il, j’ai dû, avec le temps, renoncer à mon rêve de devenir un jour magistrat, je me suis donc promis de me distinguer dans le théâtre et l’expression dramaturgique".
Quant à Hassan, il affirme que depuis qu’il étudiait dans le cycle moyen, au CEM Taha-Hussein de Biskra, il ne rêvait que de devenir journaliste. Un projet qu’il explique par son goût pour l’imprévu, la découverte et la curiosité d’aller vers les autres.
Si les jumeaux n’envisagent pas la même carrière professionnelle, ils ont toutefois une infinité de goûts communs, en particulier les arts plastiques qu’ils ont pu pratiquer avec le concours de leur mère, une dame de 64 ans, pleine de bonne volonté malgré la fatigue et les épreuves de la vie. Elle leur a appris à apprécier et différencier les couleurs, les formes, les reliefs, les contrastes et les proportions.
En écoutant au son du luth de l’artiste Raouf Amour, un poème de Taha Hussein, l’illustre écrivain égyptien aveugle, Hassan et Hussein évoquent leurs souvenirs communs, lorsque tout petits, ils avaient encore la possibilité de distinguer quelques couleurs.
Issus d’une famille pauvre, composée de 11 enfants dont 7 handicapés, Hassan et Hussein ont appris à lutter pour dépasser le mauvais sort qui est souvent vécu comme une "malédiction". Ils ont cependant réussi à vaincre leur infortune à force de volonté et de capacité à se mouvoir naturellement dans la société.
C’est ainsi qu’ils ne ratent jamais, chaque année, aucune soirée du festival international de Timgad, où ils ont leurs places réservées au milieu des gradins de la toute neuve réplique du théâtre romain, au grand bonheur des festivaliers qui apprécient "l’interactivité" savoureuse qu’ils savent créer avec la scène, quel que soit l’artiste ou le genre de spectacle au programme.
Biologiquement, Hassan et Hussein sont de vrais jumeaux. Physiquement, ils sont rigoureusement identiques et aiment à s’habiller de la même façon, ce qui leur procure un amusement supplémentaire, celui de passer souvent, l’un pour l’autre. Peut-être une façon malicieuse de se créer un monde réservé, autrement dit, une revanche contre ce handicap et plus encore, rayonner de bonheur dans leur foyer où ils sont déjà une immense consolation et un espoir pour leur maman.APS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire