Algerie Europe coopération durable

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Patrick le Berrigaud

dimanche 31 juillet 2011

Alger patrimone Unesco 2011



Dans l’un des plus beaux sites maritimes de la Méditerranée, surplombant les îlots où un comptoir carthaginois fut installé dès le IVe siècle av. J.-C., la Casbah constitue un type unique de médina , ou ville islamique. Lieu de mémoire autant que d’histoire, elle comprend des vestiges de la citadelle, des mosquées anciennes, des palais ottomans, ainsi qu’une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté.
Brève synthèse
La Casbah d'Alger apparaît comme un exemple significatif de ville historique maghrébine qui eut une grande influence sur l'urbanisme dans la partie occidentale de la Méditerranée et en Afrique sub-saharienne.
En effet, situé sur la côte méditerranéenne, le site fut habité au moins dès le VIe siècle avant notre ère quand un comptoir phénicien y fut installé. Le terme Casbah, qui désignait à l'origine le point culminant de la médina de l'époque ziride, s'applique aujourd'hui à l'ensemble de la vielle ville d'El Djazair, dans les limites marquées par les remparts d'époque ottomane édifiés dés la fin du XVIe siècle.
Dans cet ensemble vivant où résident près de 50.000 personnes, se conservent encore de très intéressantes habitations traditionnelles, palais, hammams, mosquées et divers souks, dont la forme urbaine représente le témoignage d'une stratification de plusieurs tendances dans un système complexe et original qui s'est adapté, avec une remarquable souplesse, à un site fortement accidenté.
Critère (ii) : La Casbah d'Alger a exercé une influence considérable sur l'architecture et la planification urbaine en Afrique du Nord, en Andalousie et en Afrique sub-saharienne durant les XVIe et XVIIe siècles. Ces échanges se manifestent par le caractère spécifique de son habitat et par la densité de sa stratification urbaine, un modèle d'établissement humain où le mode de vie ancestral et les habitudes musulmanes se sont harmonisés avec d'autres types de traditions.
Critère (v) : La Casbah d'Alger est un exemple éminent d'un habitat humain traditionnel représentatif de la culture musulmane profondément méditerranéenne, synthèse de nombreuses traditions. Les vestiges de la citadelle, des mosquées anciennes, des palais ottomans, ainsi qu'une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté sont les témoins de cette culture et le résultat de son interaction avec les diverses couches de peuplement.
Intégrité (2009)
Malgré les mutations et les aléas sismiques qu'elle a subis, la Casbah d'Alger conserve toujours son intégrité. Dans leur ensemble, les caractères esthétiques, les matériaux utilisés et les éléments architecturaux gardent leurs aspects originaux qui expriment les valeurs ayant prévalu au classement du site en 1992 sur la Liste du patrimoine mondial. Le maintien de la fonction d'habitation a permis de consolider la viabilité du site autant que l'intégrité de son image. Les opérations de restauration du patrimoine bâti de la Casbah engagées dans le cadre du Plan de sauvegarde et de mise en valeur satisfont les normes locales et nationales et contribuent à maintenir l'intégrité du site. Il existe néanmoins des menaces à l'intégrité qui sont liées à la sur densification et à des interventions non contrôlées. D'autres risques proviennent des séismes et des incendies, ainsi que des glissements de terrain et des inondations.
Authenticité (2009)
Les attributs de la Valeur universelle exceptionnelle qui avaient permis l'inscription sont maintenus. La Casbah témoigne d'une authenticité remarquable, aussi bien au niveau de la forme et de la conception (trame urbaine très dense), des matériaux de construction (briques en terre crue, enduits de terre et à la chaux, pierre et bois) que de l'utilisation (habitation, commerce, culte) et des traditions populaires. La survivance des savoir-faire architecturaux traditionnels, notamment en matière des métiers de la construction et du décor architectural, est un atout majeur pour soutenir la Valeur universelle exceptionnelle.
Besoins en matière de protection et de gestion (2009)
La Casbah d'Alger fut classée site historique national en novembre 1991 et secteur sauvegardé en 2003. Le cadre juridique qui assure sa protection comprend les lois 98.04 (relative à la protection du patrimoine culturel), 90.25, 90.29, 91.10 et les décrets exécutifs 90.78, 90.175, 91.176, 91.177 et 91.178. L'État partie considère cependant qu'il est nécessaire d'effectuer une révision des dispositions législatives et administratives relatives au bien pour mieux assurer sa protection et sa mise en valeur.
La gestion du site est confiée à la Direction de culture de la wilaya (province) d'Alger. Il existe un besoin continu de conserver et réhabiliter le bien afin de prévenir la détérioration du tissu urbain. Les menaces dues aux séismes et aux incendies sont réelles alors que les glissements de terrain et les inondations constituent toujours des menaces possibles. Un plan de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PPSMVSS), codifié par le décret exécutif n° 324-2003 est en préparation. Le plan de gestion prendra en considération ces questions et tiendra compte d'une zone tampon et des actions de suivi régulier. La Direction de culture de la Wilaya, en concertation avec le ou les présidents d'Assemblées Populaires Communales concernés, est l'agent de mise en œuvre et de gestion du PPSMVSS. Pour renforcer cette action, un texte réglementaire est en voie d'adoption, celui des Agences des secteurs sauvegardés. L'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) est chargé, quant à lui, au titre du Ministère de la culture, de la gestion des monuments et sites archéologiques et historiques classés, y compris ceux situés à l'intérieur d'un secteur sauvegardé.

Description longue

La Casbah d'Alger est un exemple unique de medina , c'est-à-dire de ville islamique. Elle offre un remarquable exemple de cité historique du Maghreb, mais présente des caractères spécifiques dus à son site naturel et à son histoire, en dépit des mauvaises conditions de conservation de certaines parties de l'ancien noyau urbain. La Casbah conserve d'importants exemples de maisons traditionnelles arabo-méditerranéennes, qui témoignent d'une fusion entre le style de vie arabe ancestral, les coutumes musulmanes et différentes traditions architecturales.
Tournée vers des îles qui étaient occupées, à partir du IVe  siècle av. J.-C., par un comptoir commercial carthaginois, elle occupe l'une des plus belles positions côtières de Méditerranée. La Casbah renferme les vestiges de la citadelle, d'anciennes mosquées et de palais de style ottoman, ainsi que les témoignages d'une organisation urbaine traditionnelle qui reflètent un sens de la communauté profondément ancré.
L'histoire d'Alger est plus complexe et mouvementée encore que celle du pays lui-même. Situé sur le littoral, le site fut habité au moins dès le VIe  siècle av. J.-C., lorsqu'un comptoir commercial phénicien s'y installa. Carthaginois, tribus berbères, Romains, Byzantins et Arabes (à partir du VIIe  siècle) convoitèrent le site et, tour à tour, s'en emparèrent. L'Espagne, dans le cadre de sa politique expansionniste, s'intéressa également à l'Algérie, en profitant de la faiblesse des pouvoirs locaux due aux rivalités qui opposaient les petits États maghrébins qui s'étaient formés après les invasions berbères.
Un corsaire turc, Khair al-Din, fonda sa capitale à Alger (1516) et plaça une grande partie de la côte algérienne moderne sous l'autorité du sultan ottoman. Le pouvoir central d'Istanbul intervint relativement peu dans l'administration de la région, et le bey régnait en maître dans cette ville où puissance militaire et commerce contribuaient à créer une grande prospérité économique.
La construction de la ville commença en 1516 et se poursuivit dans le courant du XVIIe  siècle. Bien que l'organisation administrative et militaire y eût entraîné la présence de nombreux Turcs, Alger n'était pas une ville ottomane. La ville combinait la science de l'architecture militaire turque à la tradition architecturale arabo-méditerranéenne. L'état florissant du commerce se reflète dans la richesse extrême du décor interne des maisons d'Alger. La position naturelle exceptionnelle du site explique ses rues sinueuses, véritables méandres caractéristiques de la ville ancienne.
L'incompréhension des Européens vis-à-vis du style de vie arabe, et le désir des nouveaux colons d'imposer leurs propres usages et leurs conceptions esthétiques de l'architecture et de l'urbanisme engendrèrent d'importantes destructions. Une partie de la ville put heureusement être sauvée. Au cours des années vingt du XXe  siècle, on note un véritable intérêt pour la sauvegarde de la ville ancienne. Cependant, ce n'est qu'au début des années soixante-dix de ce même siècle que les autorités algériennes commanditèrent les premières études visant à la sauvegarde de la Casbah d'Alger. Elle fut alors classée site historique, et une vaste campagne de restauration, dans le cadre d'une amélioration de la planification, fut mise en œuvre dans la ville ancienne. Un plan très médité de redéveloppement est actuellement appliqué à la Casbah, de manière à y introduire le confort moderne sans bouleverser l'urbanisme et l'architecture traditionnels, et à restaurer les fonctions originelles de la Casbah, avec ses quartiers résidentiels, commerciaux et culturels.
Source : UNESCO/CLT/WHC

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